Aru Shah et la lampe du Chaos (Roshani Chokshi)
Quand mythologie et modernité se rencontrent naît une belle aventure! 19/20
Le synopsis:
Aru Shah et la lampe du Chaos : Aru Shah grandit dans un musée spécialisé dans l’Inde classique. Lorsqu’on la défie d’allumer une lampe antique reconnue pour être maudite, elle se retrouve projetée dans un monde magique où elle devra tout faire pour éviter le pire …
La critique:
Vous souhaitez vous évader le temps d’une lecture ? Vous rêvez d’aventures, de dépaysement ? Alors je vous conseille de glisser ce livre sur votre liste du Vieux Barbu. En effet, même si le roman est destiné à un jeune lectorat, tout le monde se laissera embrigader dans les péripéties de la jeune Aru Shah sous la plume de Roshani Chokshi.
A peine sortie de l’enfance, l’héroïne connais les joies de l’adolescence. Alors qu’elle vit au sein du musée d’Art et de Culture de l’Inde classique tenu par sa mère à Atlanta, elle va plonger dans un autre monde lorsqu’elle allume une lampe maudite, dangereuse. Elle vivra alors une épopée digne des grands aventuriers. Elle combattra des démons, résoudra des énigmes, fera face à ses propres peurs. Tout ceci dans un monde imaginaire et onirique. Telle la fille d’Indiana Jones, elle affronte des épreuves pour rétablir l’équilibre du monde après avoir réveillé l’Ensommeilleur, être mythologique aux pouvoirs incommensurables.
Ceci ne sera pas une mince affaire mais elle sera accompagnée dans sa mission par des compagnons hauts en couleurs. Ceux ci font écho aux nombreuses références que l’auteur glisse tout au long de son roman, qu’elles soient littéraires au cinématoraphiques. En effet, elle n’hésite pas à faire des ponts entre son livre et les grands noms de la littérature. Ainsi, les plus jeunes se délecteront des références à Hunger Games notamment. Les plus anciens, quant à eux, se demanderont si notre héroïne ne descend pas de la famille de Néo de Matrix. Ou encore si elle n’a pas un lointain lien avec Frodon Sacquet. Tous ses clin d’œil sont tellement riches qu’ils attiseront la curiosité de tous.
Ce melting pot se ressent tout au long de la lecture. Chacun trouvera un niveau de lecture: les plus jeunes y verront une simple aventure, alors que les plus âgés pourront y interpréter une quête identitaire, celle de l’adolescence. Notre jeune aventurière a en effet menti à ses camarades de classe. Et ceux-ci vont lui faire payer le prix cher. À travers ses yeux, on ressent la pression que subissent les adolescents entre eux, ce désir ardent d’être toujours « plus » par rapport aux autres. Que ça soit avec le personnage principal ou Mini, sa sœur aventurière, il y a en filigrane cette notion d’exclusion entre adolescents, peut-être pas de harcèlement mais en tout cas de rejets. Aborder ces sujets avec une aventure permet de dédramatiser la chose. Pour autant, le message est assez présent pour que tous puissent le comprendre.
De plus, l’héroïne doit faire face à des cas de conscience, doit prendre des décisions qui impacteront la suite de son aventure, se trouver un nouvel équilibre, et même se recréer une famille. A travers sa quête, Aru Shah sera amenée à se poser la question du bien et du mal, des moyens de de se surpasser afin d’obtenir des billes pour grandir. Ainsi alors que tout part d’un défi entre ados, le sujet de l’acceptation de soi, des autres, mais aussi le fait d’assumer ses propres choix font de ce roman plein de rebondissements un livre aux multiples facettes, à l’instar de la culture qui rythme l’histoire : la culture indienne.
Car celle-ci est un personnage à part entière dans les aventures. Très utile, le petit glossaire en fin de livre permet d’apprendre la richesse de la mythologie indienne. Interprétant de manière moderne les contes et légendes, en leur donnant ainsi une lecture plus claire et plus dynamique, l’auteur nous propulse dans un univers où il est facile d’imaginer les couleurs, les odeurs, les bruits. Servies par une plume très accrocheuse, ces relectures donnent de la fluidité au roman malgré la complexité des codes indiens. Ainsi, le lecteur s’approprie une des cultures les plus hétéroclites, peu mise en valeur dans la littérature jeunesse. Jouant sur des notions connues et modernes tel que l’univers de Bollywood ou encore la mode, elle invite ainsi chacun à découvrir une réelle culture. C’est ce qui fait pour moi toute l’originalité de l’histoire.
Si je ne devais retenir qu’un mot pour décrire ce livre, ce serait sans hésiter richesse. Richesse dans la quête, dans les sujets, dans l’écriture. Les pages se dévorent à grande vitesse. On se sent projeter dans un univers aux 1000 couleurs, à l’image que l’on se fait de l’Inde. En jouant la carte de la modernité pour donner vie aux vieilles légendes, l’auteur réussit à embarquer tout le monde dans son vol à destination d’une aventure qui ne laissera personne indifférent.
L’auteur:
D’origines indienne, Roshani Chokshi est une auteure à succès outre-atlantique. Plusieurs de ses écrits sont inscrits sur la liste du New-York Times Best-Sellers. Son roman Aru Shah et la lampe du Chaos est paru aux éditions Albin Michel en mai 2019.
Le détail:
L’auteure glisse beaucoup de références liées à ses origines, notamment sur les animaux. Si plusieurs d’entres eux errent dans les rues, certains sont vénérés. C’est le cas notamment de la vache. Depuis plus de 2000 ans, elle est considérée comme un don du ciel représentant la maternité, l’abondance et la fertilité.
La parenthèse:
L’Inde a une histoire très ancienne et très dense. Ancienne colonie britannique, son histoire est dominée par plusieurs conflits et des tensions religieuses récurrentes.
Le premier nom qui vient à l’esprit lorsque l’on évoque ce pays est sans conteste le Mahatma Gandhi. Important guide spirituel de l’Inde et du mouvement pour l’indépendance du pays, il est considéré comme le Père de la Nation. Le jour de son anniversaire (le 02 octobre) est un jour férié. Par ailleurs, depuis 1996, le gouvernement accorde un prix destiné aux personnalités et citoyens qui œuvrent pour la paix : le Mahatma Gandhi Peace Prize.
Magalie pour MassCritics