Bleach (Tite Kubo)
– Que l’on meure ou que l’on vive, c’est la même chose, les deux cotés souffrent de solitude. Il faut être égoïste pour s’imaginer qu’on est le seul à souffrir.
– [Rukia] Un shinigami ne doit pas faire de distinction entre les âmes à sauver ! Ne sauver que ceux qui sont à portée de la main ou même à portée du regard ne sert à rien ! Ne va pas au secours de cet enfant avec cette façon de penser ! Si tu veux le sauver, alors tu dois être prêt à devoir les sauver tous ! A aller n’importe où pour eux, et même à sacrifier ta propre vie pour les sauver !
La critique :
Dans ce premier tome, le lecteur commence par faire rapidement connaissance avec le héros et ses quelques proches : il rencontre d’abord sa famille composée de deux sœurs qui comme lui peuvent communiquer avec les âmes des morts, mais avec moins de netteté, et d’un père maladroit dans ses rapports avec ses enfants, qui ne voit absolument pas les âmes en question, tout en étant au courant de ce qu’il se passe sous son toit. L’humour de l’auteur se manifeste dès ces premiers portraits, à la fois drôles et décalés. Les personnages sont touchants et attachants, et les liens familiaux sont solidement tissés, malgré la violence propre au shonen qui transparaît même dans les échanges les plus banals. Une fois le décor sommairement planté dans la banlieue imaginaire de Karakura, l’intrigue peut commencer.
Elle n’est, quant à elle, qu’à peine ébauchée par l’auteur. Dans ce premier tome, le lecteur doit tout d’abord prendre en compte l’existence d’âmes, plus ou moins gentilles. Une fois l’univers fantastique mis en place, il va suivre le héros dans son initiation de shinigami, et apprendre non seulement la philosophie de cette catégorie particulière d’âmes, mais également son rôle dans le monde complexe où s’enchevêtrent monde des vivants et monde des morts. L’auteur a l’intelligence de construire son récit autour d’un personnage qui n’en connaît pas plus que le lecteur, lui permettant de ne pas se retrouvé noyé sous une masse d’informations trop importantes et qui lui ferait perdre le fil. Cependant, l’on notera que ce manga semble s’adresser à un public relativement jeune, dont les réflexions ne s’éloignent pas trop du manichéisme de base. Il est à espérer que l’intrigue mènera au fil des épisodes à un approfondissement de cette thématique, et surtout à la nuancer et à l’enrichir.
L’auteur :
Tite Kubo est né en 1977 au Japon, à Hiroshima. Bleach est son second manga, nommé ainsi en l’honneur du second album du groupe de rock Nirvana dont l’auteur est un fan. En 2005, il reçoit le prix Shogakukan dans la catégorie shonen pour Bleach. Il est publié en France par Glénat depuis 2003, avec seulement environ 4 tomes de retard sur la publication japonaise.
Le détail:
Ce tome est le premier d’une longue série, de plus de soixante-dix volumes à ce jour parus au Japon. L’auteur, qui devait avoir en tête un scénario complexe, voire complexifiable si le succès de son œuvre se révélait à la mesure de ses espérances, se contente de poser la situation initiale. Si l’on a tous les éléments pour planter le décor et débuter l’intrigue, l’on ne peut pas encore se faire une idée de ce que seront les enjeux réels de ce combat entre les âmes qui sont là pour défendre celles des innocents, et les âmes mauvaises qui veulent les dévorer.