Carnets de thèse (Tiphaine Rivière)
Une caricature pleine d’humour de la vie de thésard! 15/20
Le synopsis:
Jeanne Dargan est une jeune enseignante dans un collège de ZEP, jusqu’au jour où elle reçoit enfin la réponse de l’université : elle est acceptée en thèse ! Enthousiaste à l’idée de quitter son poste au collège et d’apporter sa pierre à l’immense édifice de la littérature, Jeanne ne se doute pas encore qu’elle fera partie des thésards à la mine déprimée, transformés en rats de bibliothèque, et attendant désespérément un précieux mail de leur directeur de thèse.
La critique:
Dans cette bande dessinée, tout l’univers de la thèse est abordé : du directeur de thèse, expert dans l’art d’esquiver ses étudiants qui attendent la lecture de leur chapitre comme ils attendent l’approbation divine, au difficile statut d’un enseignant vacataire, projeté devant un amphithéâtre bondé d’étudiants aussi mous que des mollusques, en passant par la secrétaire paresseuse chargée des dossiers de candidature et qui fait tout pour ne pas les traiter. Beaucoup d’autres personnages animent l’histoire, faisant la richesse de cette bande dessinée avec leur personnalité haute en couleur et poussée à l’extrême.
Avec un ton mordant et des dessins très graphiques, le lecteur suit le personnage principal, Jeanne, qui après avoir quitté le collège de ZEP, découvre le monde implacable de la thèse, dans lequel elle va se laisser submerger et presque dépérir. En effet, la bande dessinée couvre quatre années au cours desquelles le visage de Jeanne se creuse de rides et de cernes, et devient obsédée par ses recherches avant de sombrer dans la solitude. Tiphaine Rivière dévoile ainsi un portrait satyrique et quelques fois véridique du quotidien d’un doctorant.
Même si il va de soit que cette bande dessinée offre une caricature de la vie de thésard et du système universitaire avec beaucoup d’humour, elle apparaît néanmoins comme un guide pour ceux qui se lancent dans la recherche. En disant cela, je pense notamment au passage où Jeanne se rend à la BNF (Bibliothèque Nationale de France) pour la première fois : un véritable labyrinthe où l’on passe plus de temps à trouver son chemin qu’à étudier ! Mais c’est aussi un guide qui met en garde le futur thésard. Car dans l’histoire, Jeanne finit par ne vivre que pour sa thèse oubliant tout son entourage, ce qui lui coûtera quelques sacrifices.
Ce livre parlera à tous ceux qui ont eu l’audace (ou la folie ?) de se lancer dans une thèse. Mais aussi à leur famille et amis qui comprendront désormais l’existence cruelle d’un étudiant en recherche.
L’auteur:
Comme son personnage, Tiphaine Rivière a réalisé une thèse de littérature pendant trois ans, en parallèle d’un travail administratif au sein de l’école doctorale d’une grande université parisienne. Elle finit par abandonner sa thèse pour se consacrer au dessin. Elle ouvre alors un blog illustré intitulé « Le bureau 14 de la Sorbonne ». Blog où elle raconte avec humour l’administration à l’université et le monde des thésards. La première bande dessinée de Tiphaine Rivière, Carnets de thèse (Seuil), est publiée en mars 2015 et découle de ce blog.
Le détail:
Ce livre m’a interpellé par son titre. En effet, réalisant moi-même un mémoire, je me suis parfaitement reconnue dans le personnage de Jeanne. L’auteur ayant auparavant réalisé une thèse, elle peut ainsi aisément parler du quotidien d’un thésard, avec véracité et surtout avec humour. De plus, le style réaliste de ses dessins permet d’entrer très facilement dans l’histoire, et de comprendre ce que vit Jeanne.
La parenthèse:
Tiphaine Rivière a ajouté à la fin de la bande dessinée quelques sites Internet à destination des thésards, car « ils les ont bien fait rire » durant sa thèse. Cette petite attention permet aux étudiants de dédramatiser sur leurs recherches. Mais aussi de découvrir un peu plus le quotidien d’un thésard. Et pour les avoir consultés, je conseille celui-ci que j’ai trouvé très drôle: cielmondoctorat.tumblr.com
MassCritics