Cauchemar (Paul Cleave)
«Quoi qu’il en coûte…» 18/20
Le synopsis :
Cauchemar (Sonatine) : Noah Harper, adjoint du shérif de la petite ville des Etats-Unis Acacia Pines, retient de force l’homme qu’il croît être le responsable de l’enlèvement d’Alyssa Stone, 7 ans. Le problème est que cet homme est le fils du shérif. Harper, fou de rage et de détermination, tient coûte que coûte à ce que cet homme lui avoue où se trouve la fillette. L’adjoint va retrouver Alyssa saine et sauve mais devra quitter cette ville et celle qu’il aime. 12 ans plus tard, quelqu’un l’appelle pour le prévenir qu’Alyssa, désormais âgée de 19 ans, a de nouveau disparu et que seul lui est en mesure de la retrouver.
La critique :
Voilà bien un roman dont on ne ressort pas indemne. Ce Cauchemar de Paul Cleave est un boulet de canon, un livre mené à un train d’enfer où l’action est quasiment non-stop. On en ressort à bout de souffle au terme des 400 et quelques pages de ce roman digne d’un blockbuster hollywoodien. Certes, l’enchaînement des scènes d’action paraît parfois improbable et Noah Harper, croisement littéraire de Rambo et du John McLane de Piège De Cristal, se trouve souvent là où il ne faut pas et encaisse plus que de raison coups de poing, de batte de base-ball et autres joyeusetés.
Dès l’ouverture du roman, pas de prologue ici, l’action commence de suite, jusqu’à un final faussement apaisé ( laissons l’épilogue à part ), Paul Cleave nous tient en haleine avec une intrigue très finement menée. Les premières pages donnent directement le ton général du livre, violent, étouffant, sans concession, rythmé et noir au possible. Cette sensation d’addiction au récit, l’auteur la développe non seulement par la vitesse à laquelle se déroule l’action, quelques jours à peine, mais aussi par le choix de chapitres ultra courts, par une écriture fluide et simple (mais loin d’être simpliste) totalement au service de l’action de son livre et par l’utilisation de la première personne du singulier qui nous plonge au plus prés de son protagoniste principal. Par ce choix de narration, il nous devient difficile de nous accrocher à d’autres personnages et tous deviennent des complices potentiels de la disparition d’Alyssa Stone.
Cette immersion nous permet de mieux connaître Noah Harper et de s’imprégner de sa façon d’être et de sa manière de penser. Avec lui, Paul Cleave nous offre un parfait anti-héros, un personnage fort, entier que son caractère a privé d’une vie de famille dans une ville qu’il aimait, qui laisse la colère ancrée en lui diriger sa vie et dont il se sert parfois comme d’un moteur dans sa quête. Contrairement à la plupart des enquêteurs des thrillers actuels, Harper n’est pas à proprement parlé tourmenté par son passé et ce qu’il a peut-être perdu. Il profite de sa vie actuelle qu’il apprécie même si, au départ, ce changement lui a été imposé. C’est un homme simple dans le bon sens du terme qui a ses convictions et ses principes. Ce sont ces derniers qui vont le ramener à Acacia Pines à la recherche d’une jeune fille disparue.
Cette intrigue finalement assez basique est cependant parfaitement gérée par l’auteur qui y ajoute assez de rebondissements pour que nous y soyons tout de même accrocs. Il la fait également évoluer de façon à emporter son héros de plus en plus loin dans les horreurs dont sont capables les hommes au fil de son séjour à Acacia Pines
L’auteur :
Né en 1974 à Christchurch en Nouvelle-Zélande, Paul Cleave a travaillé en tant que prêteur sur gages durant 7 ans avant de connaître le succès dès la parution de son premier roman, Un Employé Modèle. Dès l’école, il se destinait à devenir écrivain et le premier roman qu’il a écrit date de ses 19 ans. Sa ville de naissance et de résidence se trouve régulièrement au centre de ses romans et certains protagonistes s’y croisent au fil des pages.
Le détail :
Paul Cleave a pour habitude de placer l’action de ses romans à Christchurch, ville de Nouvelle-Zélande où il réside. Mais, pour les besoins de Cauchemar, l’auteur a créé cette ville de Acacia Pines aux USA. Cette petite ville en pleine expansion où il fait plutôt bon vivre n’a qu’un seul et unique accès, une route qui la traverse et voit la ville devenir campagne avant de rejoindre l’autoroute. Une route qui a un double aspect, celui du chemin vers la maison pour certains et celui vers l’avenir pour d’autres.
La parenthèse :
L’idée à la base de ce roman (pourquoi un personnage quitterait une petite en promettant de ne jamais y revenir et, finalement devoir y revenir) est venue à l’auteur en discutant avec l’un de ses collègues écrivain. Pour Paul Cleave, la condition sine qua none était que le personnage en question soit un ancien policier. Impossible de situer l’action de ce roman à Christchurch comme pour tous ses autres romans, il a donc imaginé cette ville d’Acacia Pines, isolée du reste du monde, où tout ou presque se gère en autarcie. Il semble que l’auteur se soit tellement amusé à cela qu’il pense sérieusement à nous y ramener un jour ou l’autre.
Sébastien L. pour MassCritics