Death Note (Tsugumi Oba/Takeshi Obata)
Un manga qui explore le concept de justice et la notion de Bien et de Mal. 19/20
Le synopsis:
Dans l’au-delà, le shinigami (« dieu de la mort ») Ryuk s’ennuie ; pour se changer les idées, il laisse tomber son Death Note, carnet dans lequel il écrit les noms des humains destinés à mourir, dans le monde des humains, plus précisément au Japon. Le brillant lycéen Raito (« Light ») Yagami le ramasse par hasard et, découvrant son pouvoir, commence à exécuter les criminels du pays, pour débarrasser le monde de la corruption. Ces morts inexpliquées inquiètent Interpol, qui fait appel au mystérieux détective « L », qui a la réputation de pouvoir résoudre toutes les affaires…
La critique:
Death Note est, avant tout, un thriller psychologique et policier. A ce titre, l’enquête menée par le détective L est le point central de l’intrigue. Elle se trouve contre-balancée par la propre enquête de Light, qui va chercher à découvrir l’identité de L avant que la sienne ne soit dévoilée. Si l’affaire des meurtres de « Kira » (surnom adopté par Light) a des répercussions mondiales, Death Note se focalise donc presque entièrement sur le duel d’intelligence entre L et Kira. Celui-ci commence dès le second chapitre de ce volume, dans lequel les deux opposants mentent, manipulent, se tendent des pièges, s’espionnent, font tout pour battre l’autre.Ce volume n’est cependant que le début du duel. Il ne relate que les tout premiers contacts entre L et Kira, sans atteindre les hauts niveaux de tension des volumes suivants.
La série met en scène l’opposition fondamentale entre le bien et le mal, et explore le concept de la justice. En effet, le moteur de l’intrigue est une idée fixe de Light, qui pense pouvoir créer un monde parfait en tuant systématiquement tous les criminels (quel que soit leur crime) et ainsi devenir un « dieu ». Cette idée vient s’opposer à la propre vision de justice de L, qui voit Light/Kira comme un criminel à enfermer.
Entre les deux extrêmes de la justice représentés par L et Light, le personnage de Ryuk offre une autre perspective. En effet, le shinigami se fiche des conséquences de ses actes, de la justice et de la morale. Il n’est là que pour se distraire, lassé de la vie éternelle. Death Note explore donc les limites de la morale humaine, en interrogeant sur la cause la plus légitime : Kira, qui assassine des criminels, ou L, qui veut préserver la justice pour tous, même ceux qui, peut-être, ne la méritent plus?
Sans philosopher, Death Note se penche donc sur une des questions les plus essentielles de l’humanité; celle du bien et du mal. Ceci, en prenant l’exemple le plus direct d’acte immoral, le meurtre. L’enquête qui en découle est alors l’occasion pour les deux adversaires de défendre chacun leur vision de la justice. Tout en se fondant sur le point de vue neutre de Ryuk. La seule certitude de la vie étant la mort, c’est finalement au lecteur de choisir quelle version de la justice est la meilleure… Et de décider si le meurtre peut être ou non justifiable.
L’auteur:
« Tsugumi Oba » est le pseudonyme d’un scénariste de manga, également auteur de Bakuman, dont l’identité réelle est inconnue ; il n’est pas difficile de retrouver un peu de l’auteur dans Death Note (chez Kana), dont l’intrigue tourne autour du mensonge, du bluff, et de la dissimulation de l’identité. Takeshi Obata a travaillé plusieurs fois avec Oba, illustrant Bakuman et Death Note ; il travaille dans le monde du manga depuis les années 1980.
Le détail:
Death Note s’éloigne de la tendance des shonen (mangas destinés à un public de jeunes garçons, ou adolescents) à inclure une forte dose de comédie et d’action. Si le manga contient certaines scènes qui peuvent amuser, ainsi que quelques scènes violentes, c’est l’intelligence des personnages qui est mise en avant plus que tout. Ainsi, la lutte entre Light et L reste majoritairement psychologique, mentale. Davantage comparable à une partie d’échec qu’à un duel de kendo. Par ailleurs, tous les personnages, « comiques » ou non, parviennent à évoluer au fil de l’intrigue. En somme, Death Note est un shonen particulièrement adulte dans son sujet, et dans son ton.
La parenthèse:
Nous ne parlons ici que du premier volume de la série. Mais les autres continuent sur les mêmes thèmes, avec les mêmes personnages ; si ce volume vous a plu, les autres vous plairont aussi.
Death Note a été adapté en anime par le studio Madhouse et diffusé en France en 2008. Cette version fidèle plaira à tous les amateurs du manga original. Dans la même veine, l’anime Code Geass, et ses adaptations en mangas, pourront vous intéresser, l’intrigue tournant là aussi autour d’un jeune homme obtenant un pouvoir surnaturel, et décidant de l’utiliser pour changer le monde.
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