D’Os et de lumière (Mike McCormack)

La vie, la mort imbriquées en filaments…rêve, réalité ? 15/20

Le synopsis:

Louisburgh, dans le comté de Mayo, en Irlande. Le 2 novembre, jour de « retour des âmes », lorsque sonnent les cloches de l’Angélus, Marcus Conway, la cinquantaine, attend patiemment le retour de sa femme et de leurs deux enfants, dans sa cuisine, en lisant le journal. Pendant ce temps, pris d’une étrange fébrilité, il se remémore, par associations d’idées et de souvenirs, sa vie d’homme et de garçon, de père et de fils, de mari et d’ingénieur ainsi que les évènements qui ont marqué sa carrière professionnelle, sa famille avec Mairead, son épouse, enseignante brillante, Agnès son ainée, artiste plasticienne et Darragh, son fils, parti bourlinguer en Australie. C’est une longue phrase mentale qui progresse en oscillations, sans majuscule ni point et se déploie tout le long du roman, au rythme de l’esprit buissonnier de son personnage.

Jusqu’à ce jour, où parti en voiture chercher des médicaments pour Mairead, malheureuse victime d’un empoisonnement sanitaire par l’eau communale, sa vie a vacillé, a basculé…

La critique:

Vous dire si ce roman m’a plu ? Il est difficile de critiquer ce livre, écrit d’une traite, sans un seul point, unanimement encensé, car chacun l’appréciera de façon personnelle…pour ma part, cette lecture fut une découverte, un moment suspendu, à part…

D’os et de lumière  est un récit mystique, métaphysique, poétique, nostalgique. Un flot de mots, tantôt bercé par la grâce, tantôt soulevé par l’injustice du monde contemporain, qui joue avec la forme et défie les conventions…Car ce livre n’est qu’une seule phrase de 350 pages, comme un souffle, un soupir, un souvenir…au rythme d’un cœur inquiet et désemparé.

Ce roman « brillamment construit qui mêle monologues torrentiels à la Beckett et portrait réaliste d’une petite ville irlandais » Publishers Weekly, rend parfaitement compte de cet homme, perdu dans ses pensées, dans ses réflexions, qui désosse son passé comme il observe les ponts, avec une précision chirurgicale, d’un regard aussi rationnel qu’émerveillé, passant d’un sujet à l’autre, d’une image à l’autre, sans linéarité. Il nous parle de l’intime (la première exposition en solo de sa fille, un peu gothique, ses conversations sur Skype avec son fils à l’autre bout du monde), de la société (son travail d’ingénieur honnête face aux magouilles politico-économiques, les scandales environnementaux et sociaux) et de la fragilité de la vie, qui ne tient qu’à quoi ? Un fil ? Une route ? Un sandwich club ?

De ce roman contemplatif, naît soudain une fébrilité indescriptible, une prémonition latente et cette peur qui a continué à étreindre la lectrice que j’étais, parce que, sans m’en rendre compte, je me suis attachée à cet homme qui nous livre sa vie dans le désordre…un livre unique, apparemment sans intrigue, mais qui réussit néanmoins à captiver irrémédiablement son lecteur.

Humanité, poésie, envolées philosophiques et métaphoriques, non dénuées d’humour, D’os et de lumière m’a agrippée jusqu’à la chute qui m’a laissée abasourdie…alors, si vous appréciez la prose élégante, profonde, introspective, qui mélange le sublime et le quotidien, et le suspense latent…foncez sans hésiter.

L’auteur:

Nouvelliste et romancier, Mike McCormack a grandi dans une ferme de Louisburgh, dans le comté de Mayo, en Irlande. Il vit aujourd’hui à Galway.

En 2016, il a remporté le prix Goldsmiths, le prix du livre irlandais, le roman de l’année et le prix du livre de l’année pour D’os et de lumière , qui a été acclamé par la critique et traduit dans le monde entier.

Il a également reçu le prix Rooney de littérature irlandaise en 1996 et en 2007, une bourse Civitella Ranieri.

Le détail:

La forme de ce roman est impressionnante de maîtrise : une longue phrase de 350 pages qui n’empêche pas la fluidité du texte ni sa compréhension. Cette absence de point, de majuscule mais avec retours à la ligne qui structurent la lecture, donne un rythme particulièrement lancinant et particulier au récit. Le lecteur est pris comme dans un tourbillon par ce monologue poétique et philosophique.

La parenthèse :

Désigné « roman de l’année » lors des Irish Book Awards, D’os et de lumière (Grasset) a été couronné en 2018 par le très prestigieux International Dublin Literary Award, le mieux doté au monde : 100 000 euros.

Murielle Trouve de MassCritics

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