Et le mal viendra (Jérôme Camut/Nathalie Hug)
«Qui vit par l’épée, périra par l’épée…» 17/20
Le synopsis :
Sa fille Charlie ayant rejoint les rangs de Morgan Scali considéré par beaucoup comme l’ennemi public numéro 1, Julian Stark n’a de cesse de la chercher, espérant pouvoir la ramener dans le droit chemin. Il pourchasse Scali depuis des années et pense enfin toucher au but lorsqu’il apprend que de dernier a été localisé. Mais ce n’est que le début d’une aventure qui les emmènera tous deux au-delà de ce qu’ils pouvaient imaginer.
La critique :
Un roman des CamHug est toujours un événement. Ce couple d’écrivains ne laisse jamais indifférent ; que ce soit par les thèmes qu’ils abordent ou par le traitement qu’ils font subir à ces thèmes. Si Islanova et Et le mal viendra possédent de nombreux éléments (intrigues et personnages) en commun, il s’agit bien de deux romans différents. Ils peuvent donc se lire indépendamment l’un de l’autre sans que le plaisir ne soit gâché.
Les romans des CamHug, et particulièrement leur série des Voies de l’Ombre qui nous offre l’un des plus grands tueurs de la littérature de genre (Kurtz) et W3, sont toujours très ambitieux et demandent un certain effort afin d’y entrer. Pas de livre clé en main avec une intrigue bateau et des personnages clichés qui va se lire sur la journée. Ici, outre la complexité des thèmes abordés (Jusqu’où iriez vous pour sauver vos/des enfants ? Pour ouvrir les yeux du monde sur la situation écologique actuelle ?), les CamHug nous entraîne dans un monde où le manichéisme n’existe pas, où chacun à tort et raison à la fois et en a parfaitement conscience.
Il s’agit aussi de l’histoire de deux hommes, Julian Stark et Morgan Scali. Un drame les fait se rencontrer et ensuite s’opposer, chacun pensant être du côté du Bien, la justice pour l’un et la nature pour l’autre. Bien évidemment, la justice de l’Homme et la justice de la planète ne peuvent pas s’accorder.
Ce roman pioche un peu dans le thriller et dans le roman noir pour le destin incroyable de certains personnages. Mais, c’est avant tout un excellent roman d’aventure humaine avec, en toile de fond, les problèmes écologiques d’actualité. Ce livre, très ambitieux par les différents thèmes abordés, l’est également dans la forme.
En effet, toutes ces histoires nous sont contées au travers d’un effet de double voire de triple temporalité. L’action se déroule ainsi en 2015 et 2028 avec beaucoup de scènes en 2025. Cela peut désarçonner au départ car, ajouté au nombre conséquent de protagonistes et aux multiples lieux où se déroulent les différentes scènes (Europe, Afrique, USA, etc…), cela fait beaucoup d’informations à assimiler pour le lecteur. Ainsi, passé le cap fatidique des 100 premières pages , le livre s’ouvre complètement à nous et la lecture parfois un peu chaotique au départ devient beaucoup plus facile puis complètement addictive.
Le soin apporté par les auteurs à la création de leurs personnages est également très impressionnant car tous semblent réels. L’évolution de ces derniers, leurs réactions face aux événements semblent toujours justifiées et plausibles. Comme tout ce qui se passe dans ce roman d’ailleurs. Nous voilà embarqués à travers le monde à le recherche de personnages considérés comme des sauveurs par certains et comme des terroristes pour d’autres.
Avec tout cela, les CamHug nous offre une nouvelle fois un roman puissant, intelligent, particulièrement bien construit et écrit. Et le mal viendra est un livre qui, bien au-delà du côté divertissant qu’il peut présenter, amène son lectorat à une réflexion sur le quotidien et les gens qui l’entoure. Une vraie réussite que ce roman coup de poing.
Les auteurs :
Jérôme Camut et Nathalie Hug forment un duo unique en France. Ils ont offert au thriller l’une de ces figures les plus incroyables, Kurtz, dans leur tétralogie Les voies de l’Ombre avant d’obtenir un énorme succès avec la trilogie W3. Jérôme Camut est également en solo l’auteur des 4 tomes du Cycle de Malhorne, tandis que Nathalie Hug a également 3 romans en solo à son actif.
Le détail :
Outre les choix que peuvent faire les Hommes et les conséquences qui découlent de ces choix, un autre thème apparaît en second plan au travers de l’Intelligence Artificielle et de son influence sur les décisions prises par l’Homme. Ce thème d’actualité est au cœur des derniers romans de Bernard Minier et d’une façon détournée, de Dean Koontz entre autres.
La parenthèse :
A la manière d’un Stephen King, les personnages des différents romans des CamHug évoluent la plupart du temps dans le même univers. Ainsi, dans Et le mal viendra (Fleuve éditions), apparaissent ça et là des protagonistes des Voies de l’Ombre ou de W3. Cela crée non seulement un lien avec le lecteur mais accentue le côté tangible de l’œuvre.
Sébastien L. pour MassCritics