Gingo (Sarah Cohen-Scali)
Un roman d’anticipation glaçant ! 18/20
Le résumé :
Le mur. Il sépare la Cité Bleue de la Cité Blanche, Smartcity à la pointe de la technologie. Jade vit du côté bleu, là où le travail manque, où la vie est rude. Là où ses ancêtres ont un jour décidé de se déconnecter pour échapper à l’oeil inquisiteur du Net. Elle doit ainsi se soumettre aux lois imposées par la Cité Blanche. Lui accordera-t-on ce qu’elle désire par dessus tout ? Le droit d’avoir un enfant ?
Accord refusé. Jade doit adopter. Or, les Adoptés ne sont pas des enfants comme les autres. Ils sont difficiles à élever, à aimer. Ils servent avant tout d’objets d’étude pour les scientifiques de la Cité Blanche. Mais Jade parviendra à aimer Gingo comme son propre fils et de ce fait, elle conduira la Cité Bleue à la Rébellion.
La critique :
Gingo, nous immerge dans un univers glaçant et dérangeant où la société est divisé en deux Cités, celle des hyper-connectés : les Blancs, et celle des déconnectés : les Bleus. Les seconds étant contrôlé par les premiers.
Jade vit dans la Cité Bleue et veut avoir un enfant. Mais cela lui sera refusé et elle devra donc adopter. Mais les Adoptés ne sont pas des enfants comme les autres : physiquement et mentalement différents, ce sont des enfants difficiles.
A travers l’histoire de cette femme prête a tout pour son enfant, c’est surtout les dérives d’un monde ultra-connectés et complètement dépendant de l’intelligence artificielle qui sont mises en avant : la discrimination, le contrôle des masses et l’eugénisme, sont en effet les points d’ancrage de cette dictature qui a annihilé la liberté en même temps que la moindre initiative personnelle.
Dans ce monde oppressant, personnages lisses et complètement dépendant de leur APR (assistants personnels robotisés) sont de mises (même si un soupçon d’humanité, bien vite réfréné, réussit toujours à émerger). De l’autre côté du mur, les Bleus apparaissent en opposition avec ces coquilles vides, car ils semblent les seuls a avoir réellement conservé leurs émotions et leurs sentiments.
Pourtant, bien que Jade puisse parfois être touchante, par le combat qu’elle mène pour son fils notamment, on a du mal à réellement s’y attacher et c’est bien dommage. Heureusement, Gingo, personnage de loin le plus intéressant (normal me direz vous c’est le personnage central) arrive à nous captiver jusqu’au bout.
Le dénouement final, d’ailleurs, laissera certainement plus d’un lecteur sur sa faim. Personnellement, je l’ai trouvé plutôt bien amené et cohérent bien que plutôt prévisible. Il encourage la réflexion tout en nous laissant libre de nous faire notre propre idée sur la suite.
C’est donc une atmosphère particulière, à la fois glaçante et profondément dérangeante qui émane de ce roman. Sarah Cohen Scali réussit une fois de plus à interpeller son lecteur, en faisant naître chez lui questionnements et réflexion. Elle le plonge cette fois dans un futur inquiétant, terriblement effrayant et angoissant, qui interroge sur les potentiels dérives liés aux nouvelles technologies et leur impact sur l’espèce humaine, mais aussi et surtout sur la part d’humanité de chaque être vivant.
L’auteur :
Après des études de lettres, d’art dramatique et de philosophie, Sarah Cohen Scali décide de se consacrer à plein temps à l’écriture. Elle est l’auteure d’une quarantaine de romans et de nouvelles à destination d’un large public, puisqu’elle écrit aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Son roman, Max, publié aux éditions Gallimard a remporté le Prix Sorcières 2013. Aux éditions Gulf stream elle avait déjà publié Phobie en 2017.
Le détail :
Lancée en 2015, la collection Electrogène se veut « hétérogène, électrique et érogène ». S’adressant principalement aux adolescents à partir de 15 ans elle propose une gamme variée de genres littéraires.
La parenthèse :
Si ce n’est déjà fait nous vous conseillons vivement la lecture de Max. Attention, toutefois, bien qu’étant classé roman jeunesse il est à conseiller avant tout à des adolescents avertis