Gung Ho : Brebris galeuses (Benjamin von Eckartsberg/Thomy von Kummant)
Comment survivre quand la mort est partout… 16/20
Le synopsis:
Dans un futur post-apocalyptique, l’humanité tente de survivre aux ravages causés par la « plaie blanche » dans de petites enclaves fortifiées. Dans ce monde où l’humanité est menacée d’extinction, deux adolescents rétifs à l’autorité, régulièrement déplacés de leurs orphelinats à cause de leurs comportements intègrent la colonie 16. Le « fort Apache » malgré tous ses dangers est leur dernière chance.
La Critique:
Gung Ho ou la vie d’une communauté humaine presque coupée du monde, survivant grâce à une discipline de fer à l’effondrement de la civilisation. L’histoire n’est pas originale, le cinéma avec 28 jours plus tard ou le comics Walking Dead ont récemment abordé ces thèmes. Le primat accordé à l’adolescence, notamment avec les deux personnages principaux, Zach et Archer Goodwoody donne une fraîcheur à cet album qu’on ne trouvait pas dans les deux oeuvres précédemment citées. Jeter les deux frères téméraires et insouciants dans un monde dangereux et sévèrement organisé par des adultes apporte une sensibilité nouvelle au genre.
Gung Ho devient au fil des pages moins l’histoire d’humains tentant de survivre dans un univers hostile que celle d’adolescents issus de ce monde. La survie n’est pas une fin en soi, ils leur faut vivre, construire et penser ce monde avec des codes nouveaux. Gung Ho caractérise une « tête brûlée » une personne téméraire, le récit suggère que les deux héros le sont, la suite le nuancera. En revanche, les « brebis galeuses » est le sobriquet qui leur est donné à leur arrivée au camp, à juste titre, compte tenu de leur passé mouvementé.
Cet album, premier d’une série de cinq est d’une grande qualité. L’histoire d’abord, soulignant la complexité d’un état de révolte adolescente dans un environnement qui ne peut pas le permettre. La galerie de personnages présentée est séduisante, brossée parfois un peu rapidement, elle pose les bases de la série et donne au lecteur l’envie d’en savoir davantage.
Le dessin ensuite, le dessinateur Thommy von Kummant travaille à la tablette graphique, loin, très loin de l’école franco-belge et de la ligne claire. Le résultat est attrayant, les couleurs vives dépareillent avec l’ambiance anxiogène, les nuances sont marquées, l’aspect visuel est mis en avant. Une grande place est accordée à l’image, on peut néanmoins regretter, étant donné la qualité du dessin, le manque de plan général. Si la succession de vignettes en plan rapproché donne un rythme et du mouvement, les rares cases moins serrées accordées aux paysages sont magnifiques. L’éloquence des images permet aux auteurs (Benjamin von Eckartsberg & Thomy von Kummant) de faire passer le texte et les dialogues au second plan. Les échanges passent beaucoup par des regards, des attitudes… Pari risqué pour une histoire dans laquelle tout ou presque est à contextualiser, expliquer. Pari réussi. A titre d’exemple, la première planche est remarquable, trois cases, quelques mots, « Dans un futur proche… Quelque part en Europe… Colonie N°16. ». Si on entame la lecture dans un flou total, l’histoire est esquissée, l’essentiel est dit.
Ce premier tome à l’avantage de ses inconvénients, il reste discret sur des enjeux fondamentaux tout en levant doucement le voile sur un récit qui s’accélère. Le premier tome de la série est plein de promesses.
L’auteur:
Benjamin von Eckartsberg est allemand, jeune auteur né en 1970, il étudie la Communication visuelle à Munich et est membre depuis 1995 de « l’Artillerie ». Il travaille à de nombreuses reprises avec Thomy von Kummant, dessinateur sur Gung Ho (entre autres le premier cycle des Chroniques des immortels). Depuis 2013, ils travaillent tous les deux au développement de la série Gung Ho.
Le détail:
Le dessinateur Thomy von Kummant se destinait à une carrière de footballeur professionnelle avant de se tourner vers le 9ème art. Après une formation en école de mode, il est passé par une agence de publicité, des magazines puis a travaillé comme storyboarder pour le cinéma. Ce parcours éclectique est sans doute lié au travail original présenté par le dessinateur dans Gung Ho.
Parenthèse:
La série Gung Ho parue en 2013, est proposée par les éditions Paquet dans une édition classique et dans une édition grand format « De luxe ». Le tirage limité à 3000 exemplaires devrait séduire les amateurs du genre et surtout les admirateurs du style graphique de l’album. Le deuxième tome est déjà sorti.
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