Je m’appelle Léon (Kit de Waal)
Petit Léon, coeur de lion! 18/20
Le synopsis:
Ce roman nous propose de suivre l’histoire de Léon, petit garçon métisse de 9 ans. Nous sommes en Angleterre, dans les années 80. Son papa n’est plus présent dans sa vie depuis longtemps et il vit seul en compagnie de sa maman, très fragile psychologiquement, ainsi que son petit frère, Jake, qui vient de naitre d’un autre père.
Malgré toute la bonne volonté, l’énergie et la maturité dont fait preuve Léon pour s’occuper au mieux de sa maman et de son frère, tous deux totalement dépendants de lui, la famille fini par se faire détecter par les services sociaux. La maman est hospitalisée de force et les deux garçon se retrouvent placé chez une maman d’accueil, Maureen. Une adorable vieille dame, obèse mais pleine d’amour pour les nombreux enfants qu’elle a accueilli au fil des années.
Une période un peu plus sereine pour les deux frères commence alors jusqu’à ce que le petit Jake, blanc et ayant moins de 2 ans, se fasse adopter par un couple. Nouvelle rupture, période très douloureuse pour Léon.
Quand Maureen fait un grave malaise et se retrouve hospitalisée, la vie de Léon est une fois de plus bouleversée. Il se retrouve alors placé chez la sœur de Maureen, adorable à sa façon mais moins habituée à accueillir des enfants. Plus livré à lui-même, il va faire la connaissance d’une faune bien particulière: les résidents/occupant du parc à côté de son nouveau chez lui. Ils lui apprendront à jardiner, à éviter ou contourner les ennuis mais aussi à devenir plus grand, malgré quelques péripéties.
La critique
J’ai eu un vrai coup de cœur pour l’histoire de ce petit garçon si attachant. A chaque page, j’ai eu envie de le prendre dans mes bras pour le consoler et lui donner de la force. Non qu’il en manque. Sa force et sa résilience m’ont en effet impressionnée, sans jamais tomber dans le trop ni le conte, tout est possible et malheureusement très réaliste. Chacun des personnages, extrêmement bien campés, est très bien décrit, dans ses zones d’ombres comme dans ses qualités.
En outre, la critique du système social d’il y a quelques années est très présente et réaliste. De même que le racisme ambiant et la lutte des classes à une époque où l’égalité entre les hommes n’est pas encore un combat gagné.
Au final, Je m’appelle Léon est un roman dur mais qui transpire de vérité, avec des personnages beaux et forts et des questionnements profonds… un mélange parfait d’éléments qui m’ont transportée depuis la première page jusqu’à la dernière. Je me suis alors moi même retrouvée avec un sentiment d’abandon à l’idée de quitter ce petit monde et ce si grand petit Léon.
L’auteur
Avec un père Antillais, l’auteure Anglaise, née le 26 juillet 1960, est elle-même métisse, tout comme son personnage principal. Maman divorcée de deux enfants et ayant travaillé comme magistrat Kit de Waal a accompagné beaucoup de situations de placement et d’accompagnement d’enfants. On se rend vite compte d’où vient la profondeur et le ton juste de son premier roman Je m’appelle Léon (Pocket).
Auparavant, elle s’était déjà distinguée par la publication d’une douzaine de nouvelles, la première étant parue en 2011.
Le détail
Dans la version grand format du roman, le livre est ponctué à chaque page de petits dessins, illustrant le chapitre et/ou un élément marquant de celui-ci. Rien de puéril là-dedans, ne croyez pas qu’il s’agit ici d’un roman jeunesse.
Il s’agit juste d’un clin d’œil original et bienvenu à notre enfant intérieur, qui résonne parfaitement avec l’enfance un peu perdue et bouleversée de notre petit héros. Les illustrations bien dessinées en noir et blanc sont vraiment superbes. Elles accompagnent à merveille ce voyage émotionnel, social et littéraire des années 80.
La parenthèse
S’il manquait encore une preuve à l’implication de l’auteure et à son intérêt pour les sujets qu’elle développe dans son roman, voici le dernier doute levé. Suite à la parution de son roman Je m’appelle Léon en 2016, l’auteure a créé une bourse spéciale destinée à subventionner les études d’un étudiant/auteur issu d’un milieu défavorisé au sein de Birkbeck, une université de Londres. Cette bourse offre les garanties nécessaires pour que le lauréat puisse participer à l’étude du programme de maitrise en création littéraire.
Marie de MassCritics