Je te vois (Teresa Driscoll)
Bien vu. 17/20
Le synopsis:
Ella est fleuriste. Lors d’un voyage en train, une conversation et une relation naissante et suspecte entre deux adolescentes et deux jeunes hommes sortants de prisons l’interpelle. Mère d’un ado du même âge, elle se questionne, hésite à intervenir puis se ravise et finit par ne rien faire.
Le lendemain, la presse signale la disparition d’Anna, l’une des deux jeunes filles. Ella, atrocement culpabilisée, contacte de suite la police pour les informer de ce qu’elle a vu. Les deux hommes sortant de prisons sont en première ligne dans la liste des coupables mais restent introuvables. En parallèle, l’identité d’Ella est malencontreusement découverte par la presse qui diffuse son nom. Commence alors, en plus de sa culpabilité personnelle, l’envoi de courrier insultant puis carrément menaçant.
L’histoire alterne, tout au long de l’enquête, les pensées et points de vue de différents narrateurs : Ella, le « témoin » malgré elle, son fils, le père de la disparue, le père de l’amie de la disparue, un enquêteur privé et Sarah, l’amie de la disparue elle-même.
Une année passe et toujours aucune piste, jusqu’à ce que de nouveaux éléments apparaissent.
Le roman reprend les angoisses, les questionnements, la vie des différents protagonistes qui tentent de continuer à vivre malgré tout, entre suspicions, colère, angoisse et culpabilité, jusqu’au dénouement où le coupable n’est plus toujours celui que l’on présageait.
La critique:
Un roman segmenté entre différents personnages, au rythme tenu et prenant.
Pas de moments morts, tout s’enchaîne et les nombreux rebondissements m’ont empêchée de lâcher le livre. L’intrigue est puissante mais proposée tout en finesse, jamais lassante ni prévisible.
La psychologie et la profondeur des personnages sont au rendez-vous. Ces derniers sont riches, profonds, tous attachants à leur façon et excellemment bien décrits.
J’ai suivi avec beaucoup de sympathie les différents questionnements et états d’âmes de ces personnes. Au-delà de l’enquête elle-même, les sujets développés sont nombreux et la question de la culpabilité est fortement abordée. Est-on toujours coupable de ce que l’on a fait, pas fait ou provoqué ? Et comment vivre avec ?
L’auteure, a parfaitement affûté sa plume et a bien réussi son pari, poignardant d’emblée son lecteur consentant avec un roman riche, juste, prenant et plausible. Aucune fausse note.
L’auteure:
Teresa Driscoll nous offre avec Je te vois son premier roman traduit en français (City éditions) pour notre (le mien en tout cas) plus grand bonheur.
Elle a déjà publié un premier thriller psychologique ainsi que plusieurs nouvelles et un troisième vient de paraitre en Anglais (encore non traduit) ; The promise. Ses romans et nouvelles sont publiés au total en 14 langues.
Journaliste de formation (pour la rubrique faits divers) et présentatrice TV pour la BBC, elle semble s’être largement inspirée de son expérience pour nous proposer cette histoire prenante et réaliste.
Encore peu connue, elle possède une page facebook en Anglais qui lui permet d’échanger avec ses lecteurs, d’annoncer ses prochaines parutions et de partager certaines de ses autres passions telles que la pâtisserie.
Le détail:
Le titre du livre Je te vois a déjà été proposé à de nombreuses reprises par différents auteurs, pour d’autres romans, dont trois forts récents; un thriller, un essai et un roman.
Il est rare que le titre d’un livre présente autant d’homonymes contemporains.
La parenthèse
La couverture, simple et originale de Je te vois, illustre à merveille l’histoire, jusqu’au bout. Parlante et mystérieuse, elle convient autant au corps du roman qu’à son dénouement.
Marie pour MassCritics