La Calanque de l’aviateur (Annabelle Combes)
Quand les mots guérissent les maux. 18/20
Le synopsis:
La Calanque de l’aviateur : Suite au décès de leur père, Leena, jeune femme moderne mais mutique, débarque dans un village normand, un coin perdu battu par les vents et l’air salé. En réponse à la Voix qui la poursuit dans ses silences elle décide d’acquérir une ruine. Une ancienne mercerie emplie de cachettes et de trésors secrets. Alors que Jeep, son frère ainé, abonné au monde de la nuit et à ses plaisirs éphémères, décide, lui, de partir aux Etats-Unis, à la rencontre du passé sur les traces de Sheenan, leur mère disparue.
S’ensuit un projet fou pour la jeune femme de créer une librairie d’un genre nouveau dans ce coin isolé du Cotentin, alliant plaisirs de la chère et plaisirs littéraires. De son côté, le jeune homme, musicien dans l’âme et le cœur, entame une véritable fouille dans les méandres de l’histoire familiale.
Chacun suit son chemin pour tenter de se reconstruire et de renaître, à la vie, à l’amour…
La critique :
La Calanque de l’aviateur (éditions Héloise d’Ormesson) est un roman hors du temps, une ode poétique, sensible, romanesque, une bulle enchantée, un écrin de mots, hypnotique et addictif…
Par chapitres courts, mélangeant prose rythmée et paragraphes poétiques, l’auteure pose ses coups de pinceau sur la toile de son récit et dresse le parcours en écho, de ces deux êtres, égarés, touchants et attachants qui se construisent, au gré de leurs quêtes et de leurs rencontres jusqu’à leur renaissance.
Leena, murée dans les silences de ses blessures d’enfance qui apprivoise ce bout de terre et de mer par la magie des phrases dénichées dans ses lectures. Jeep, en proie au manque et au doute qui découvre et s’approprie les racines du jazz et ses racines familiales.
J’ai aimé partager ce moment où la nature dans toute sa splendeur et sa grisaille est personnifiée, où les rencontres aussi simples soient elles, redonnent goût à la vie. Serge-Orpère, le garagiste et philosophe hors pair. Jocelyne, l’épicière épicurienne. Eliane, mère d’adoption. Vivien et Gaspard, fils, amis, amants. Alexandrine « la comtesse », rare et excentrique. Et Hugo, l’aviateur, le rêveur, qui lui laisse un trésor inestimable.
Lire La Calanque de l’aviateur, c’est accepter de se laisser happer, apprivoiser par les mots. L’auteure a une plume riche, suggestive, méditative, une écriture particulière. Elle joue avec les mots, les phrases qui s’interpellent, se juxtaposent. Elle trouve les mots justes qui magnifie ce texte, de douceurs, de douleurs, de meilleurs…on sent les odeurs, on voit les couleurs, on goûte les saveurs, on ressent le bonheur.
Annabelle Combes tresse et imbrique intelligemment et habilement les deux volets de cette histoire, avec émotion, sensibilité, tout en conservant le suspense : elle déroule le fil, la pelote de ces secrets de famille, si destructeurs quand le silence fait foi et si libérateurs quand la vérité se déploie.
Si vous aimez les romans « feel good » ce livre n’est pas pour vous ! Mais si vous appréciez la richesse de l’écriture, l’originalité du scénario, foncez !
A lire absolument, en se laissant porter et transporter par la magie et la musique des mots.
L’auteur :
Après une école supérieure de commerce Neoma, Annabelle Combes (pseudonyme) a été marketing manager chez Kraft General Food. Elle se forme ensuite à l’histoire de l’art au sein de l’Ecole du Louvre et aux métiers du livre. Mère de six enfants, spécialiste en littérature jeunesse, elle vient naturellement à l’écriture par des histoires pour enfants.
La Calanque de l’aviateur sort en librairie le 22 août 2019. C’est le second roman écrit par Annabelle Combes. Son premier livre La Grâce de l’éclat de rirelui a valu le prix littéraire des Rotary Clubs 2018. Il couronne un roman qui, outre ses qualités littéraires, met en relief l’esprit de service, le sens de l’autre, l’amitié, la tolérance…
Le détail :
Annabelle Combes ne se contente pas d’explorer son univers avec ses mots empreints d’une poésie rare. Elle emprunte aussi ceux des autres, les écrivains, les poètes qu’elle place sur les silences de Leena. Comme Bel Ami de Maupassant, Madame Bovay de Flaubert, ou Océan mer de Barrico…
La parenthèse :
Si vous aimez les belles plumes, la poésie, la philosophie, saupoudrées d’une dose de suspense, vous succomberez, comme moi, à La Calanque de l’aviateur d’Annabelle Combes.
Murielle Trouve pour MassCritics