La fille automate (Paolo Bacigalupi)

Un excellent roman de science fiction! 19/20

Le synopsis :

Suite au tarissement des énergies fossiles, les pays du monde luttent pour trouver l’énergie et les ressources nécessaires à leur survie. Désormais, ce sont les calories, plus que les dollars qui ont de la valeur. Anderson, est le représentant d’une firme internationale et arrive à Bangkok pour conclure un marché. Mais il n’est pas vraiment le bienvenu. Entre les nouvelles épidémies, le manque de nourriture et la population mécontente, parviendra-t-il à ses fins ?

La critique :

La fille automate est un excellent roman de science-fiction. Tout le brio de l’auteur consiste à nous plonger dans un univers des plus réalistes. En effet, l’hypothèse qu’il nous propose est tristement plausible. Car l’écologie, le réchauffement climatique, les nouvelles maladies, etc. sont autant de thèmes dont nous entendons parler presque au quotidien.

Aussi, Bacigalupi nous décrit-il ici, une planète post-apocalyptique, ravagée par des épidémies de virus mutants et résistants à notre médecine. Les firmes de semences OGM détiennent les ressources alimentaires du monde entier, les seules capables de résister aux nouvelles maladies, mais stériles.De plus, la montée des eaux a englouti une bonne partie des terres émergées, inondant les zones sauves de réfugiés climatiques. Ce qui créé inévitablement de nouvelles causes de conflit.

Pour nous plonger dans cette vision du futur, l’auteur utilise l‘exotisme. Ainsi, son écriture efficace est parsemée de termes thaïs ou chinois, qui ne sont pas traduits. Le lecteur apprend en même temps qu’Anderson, ou par le biais d’Hock Seng le réfugié chinois, les us et coutumes thaïlandais, aux antipodes de notre civilisation occidentale. A travers ce dépaysement total, il est parfois difficile de discerner la réalité de la fiction. C’est très bien joué de la part de Bacigalupi.

L’histoire est divisée en plusieurs intrigues, mettant en avant toutes sortes de personnages. L’ensemble nous offre donc un point de vue multiple et complet de la situation.Là encore, l’auteur met le doigt sur l’incompréhension entre les civilisations, les différentes doctrines, entraînant inéluctablement le conflit. La diversité des personnages et de leurs histoires donne, quant à elle, un rythme soutenu à l’œuvre : on a envie de savoir ce qui va se passer ensuite.De plus, les personnages appartiennent souvent à deux partis différents (ou même à leur propre camp), et la victoire des uns signifie l’échec de l’autre. Ce qui divise douloureusement notre petit cœur de lecteur.

Par ailleurs, les thèmes abordés dans La fille automate sont nombreux. Il me faudrait plus d’une chronique pour tous les traiter. Corruption des pouvoirs politiques, avidité toujours plus grande des grandes compagnies internationales, comportement individualiste de l’homme qui ne pense qu’à son confort, etc… Le tout forme une critique violente et amère de notre époque, de l’humanité. 

Cependant, l’immersion plus que réussie dans cet réalité comporte un léger revers. En effet, les relations et enjeux politiques décrits dans le texte ou encore le vocabulaire étranger rendent à certains moments la compréhension un peu difficile. Cette œuvre est riche et complexe et je pense qu’une seule lecture n’est pas suffisante pour en saisir tous les aspects.

En résumé, les amateurs d’histoire post-apocalyptiques ou de culture(s) asiatique(s) et les écolos de tous bords se plongeront avec intérêt dans ce livre. Tandis que les lecteurs rebutés par les clichés de la SF, seront ici réconciliés avec ce qui est un véritable roman d’anticipation. Le tout aboutit à une prise de conscience assez cauchemardesque pour le lecteur. Mais néanmoins nécessaire.

L’auteur :

Paolo Bacigalupi est né le 6 août 1972 dans le Colorado, aux États-Unis. Il compte à son actif des recueils de nouvelles et plusieurs romans.  Son travail a été récompensé par de nombreux prix.Ainsi, entre 2009 et 2013, La fille automate (J’ai lu) a remporté près d’une dizaine de distinctions littéraires, dont les Prix Hugo et Locus du Meilleur roman, ou encore le Grand Prix de l’Imaginaire pour le meilleur roman étranger.

Il vit toujours dans le Colorado avec sa femme et son fils et se consacre pleinement à l’écriture.

Le détail :

La couverture de l’édition française nous présente le profil d’une japonaise, sur lequel on peut voir des motifs de circuits imprimés. Ce visage illustre Emiko, la fille automate. Cette créature créée artificiellement fait s’interroger les personnages qui la côtoient ainsi que le lecteur: Doit-on donner des limites aux manipulations génétiques ? Ces humains « améliorés » représentent-ils le futur de l’humanité ?

La parenthèse :

Paolo Bacigalupi porte un grand intérêt à l’écologie, et ce depuis son enfance. Ainsi, il a un temps travaillé pour un magazine web (High Country News) porté sur le sujet. Les articles rédigés sur le site lui fournirent même une source d’inspiration pour ses histoires.

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