La Rumeur (Lesley Kara)

Un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses chaussures – Mark Twain 14/20

Le synopsis :

La rumeur (Les escales éditions) : Que feriez-vous si une rumeur distillait qu’une criminelle d’enfant vivait dans votre ville, à proximité de votre famille, de votre fils de six ans ?

Joanna Critchley le sait bien, elle qui, revenue à Flinstead, sa ville natale, station balnéaire proche de Londres, a laissé courir cette rumeur pour pouvoir s’intégrer au groupe des mères de famille afin que son fils Alfie, métis, joue avec des camarades de son âge !

Ainsi, la communauté abriterait à son insu Sally McGowan, qui a l’âge de 10 ans, en 1969, a poignardé lors d’un accident mortel, Robbie Harris, âgé de 5 ans. Après avoir purgé sa peine, elle vivrait paisiblement à Flinstead, sous la protection de la police, sous une nouvelle identité et tentant de reconstruire sa vie.

Bien que les faits se soient produits il y a trente ans, le vent des suspicions souffle et emporte les jugements de chacun, jusque dans les cercles familiaux. La rumeur fait son travail de sape…elle se répand petit à petit, court et rattrape tout le monde. Une chasse aux sorcières va alors débuter car tous veulent débusquer la meurtrière. La petite vie calme, paisible de cette petite ville sans histoire, éclate en lambeaux, vole en éclats.

Pour enrayer cet engrenage qu’elle a lancé, Joanna n’a qu’une solution et obsession : découvrir la vérité…

La critique :

Après plusieurs avis élogieux, j’ai été ravie de chroniquer La Rumeur, premier roman de Lesley Kara et je n’ai pas été déçue. L’intrigue est bien menée, avec des chapitres courts, rythmés, pour un roman en demi-teinte : sombre et léger, actuel et historique. Une première partie qui plante le décor et les personnages dont se joue la rumeur et une seconde partie plus intense, où la peur s’installe, où les secrets se découvrent. Tandis que les événements, au départ banals et quotidiens d’une petite ville de la province londonienne, prennent une tournure sinistre après que Joanna Critcchley, sans le savoir et sans le vouloir, propage une rumeur comme un feu de forêt, la menace et la tension deviennent plus importantes et intenses au fil des pages, qui se tournent à vitesse grand V.

Si Joanna a commencé à répandre la rumeur dans la petite ville de Flinstead, sur la côte anglaise, c’était, au départ, par simple souci d’intégration. Peu importe que cette supposition soit fondée ou non. Peu importe le mal que cela pourrait causer et l’engrenage de suspicion et de haine. Autrement dit, une des gentilles vieilles dames résidant dans cette station balnéaire où tout le monde se connait, où les ragots se colportent comme des traînées de poudre, serait Sally McGowan, la célèbre meurtrière d’enfant, condamnée il y a une trentaine d’année pour le meurtre du petit Robbie Harris. Oui mais voilà, Sally McGowan a changé, par des éducateurs qui ont efficacement effacé les traces d’une enfance malmenée, violente et détruite. On lui a appris l’empathie, le pardon, on lui a inculqué de nouveaux sentiments, de nouveaux repères. Et, rester une proie à jamais, ne pouvoir se libérer d’un si lourd passé, n’est-il pas une punition suffisante en soi ?

La Rumeur  n’est pas un polar à proprement parlé, mais plutôt un thriller psychologique qui joue avec nos nerfs et ceux de Joanna qui s’improvise enquêtrice par la force des choses et qui va ressentir l’angoisse et la crainte envahir son quotidien. Par contre, on comprend assez tôt où l’auteur veut en venir, mais l’enquête est intéressante et la conclusion inédite. Un thriller intéressant, à défaut d’être passionnant, où le suspense et les rebondissements règnent en maître. Néanmoins, j’aurais préféré un rythme plus soutenu et des indices moins évidents pour ne découvrir les véritables identités que plus tardivement.

C’est le genre de roman qui prône une adaptation au cinéma, car toutes les clés d’un bon film policier sont réunies : l’amour, les liens familiaux, les secrets et les non-dits, les personnages attachants à la psychologie profonde et du suspense à gogo. La Rumeur est un roman qui ne laisse pas indifférent, qui interpelle, interroge, notamment sur la portée de nos paroles et leurs conséquences. Bref, j’ai passé un bon moment avec ce scénario, que je recommande, à ceux qui recherchent une enquête intelligente et complexe !

L’auteur :

Lesley Kara est une auteure anglaise. La Rumeur (2018), son premier roman, s’est déjà vendu à 300 000 exemplaires au Royaume Uni. Son second ouvrage Who Did You Tell ? a été publié au début de l’année 2020.

Après avoir travaillé comme infirmière et secrétaire, Lesley Kara est devenue professeur puis directrice dans l’enseignement supérieur. Elle vit dans l’Essex, sur la côte Nord.

Le détail :

L’affaire du devenir des enfants meurtriers comme Sally McGowan de La Rumeur fait écho à l’adolescente Mary Bell, qui en 1968, à la veille de ses onze ans, tuait Martin Brown, un jeune garçon âgé de quatre ans, mise en valeur par l’historienne et journaliste Gitta Sereny, qui écrivit principalement sur les traumas des sévices sexuels sur mineurs.

La parenthèse :

Si vous aimez les romans psychologiques à la sauce Joyce Carol Oates et le suspense à la Maxime Chattam, vous apprécierez La Rumeur de Lesley Kara.

Murielle Trouve pour MassCritics

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