L’attentat patriote (Kyle Mills d’après R Ludlum)
« L’ombre du maître » 13/20
Le synopsis :
Les tensions entre la Chine et le Japon sont au plus haut. Le Japon du belliciste chef d’Etat-major Masao Takahashi aurait secrètement mis au point une nouvelle arme dévastatrice en prévision d’une guerre avec le voisin chinois. Des membres de l’unité Covert-One ont pour mission de récupérer un étrange matériau dans les décombres du réacteur nucléaire de Fukushima qui pourrait être la preuve de l’existence de cette nouvelle arme. Alors qu’un navire de guerre japonais est envoyé au fond des mers, la guerre se rapproche. Covert-One doit empêcher Takahashi de déclencher un conflit qui pourrait détruire une partie de la planète.
La critique :
Quand un roman d’espionnage se lit comme on regarde un long métrage, c’est plutôt encourageant. Ici, ça fonctionne et l’on est vite emporté par les aventures de Jon Smith, Randi Russell et du sombre Masao Takahashi, qui se pose en figure centrale de l’intrigue, comme tout bon méchant qui se respecte. Les scènes d’action se multiplient à toute vitesse ne laissant au lecteur le temps de souffler que sur des passages certes moins rythmés mais beaucoup plus tendus psychologiquement parlant.
Il y a également un petit côté anticipation très appréciable dans ce roman, ce qui permet de ne pas se contenter d’une alternance action/suspense qui pourrait s’avérer lassante au final.
Les idées exploitées par l’auteur sur les rapports sino-japonais pourraient se reporter sur nombre de pays actuellement et le conflit sous-jacent tout au long du roman se dérouler partout ailleurs sur la planète.
Comme souvent dans les romans de ce style, l’auteur pose, à travers son intrigue et/ou ses personnages, différentes questions plus ou moins directement. Ici, en plus de remettre en cause l’hégémonie américaine en tant que médiateur international, Kyle Mills nous amène à réfléchir sur les avancées technologiques liées à l’armement et le fait que, chacun de son côté, pourrait créer l’arme ultime dans le plus grand secret.
Bien sûr, le but premier de l’auteur, reste ici de divertir, ce qu’il fait assez facilement avec ce roman très rythmé, aux chapitres courts et grâce à une écriture très fluide. Là où les descriptifs d’armement ou de procédés scientifiques pourraient être rébarbatifs, Kyle Mills les vulgarise sans les rendre inintéressants et nous garde accroché à chaque nouvelle découverte faite par les membres de Covert-One, l’unité d’élite dont fait partie Jon Smith.
Voilà peut-être là où le bas blesse selon moi. La plupart des personnages de ce roman sont assez caricaturaux. Smith est l’archétype du super espion spécialiste en à peu près tout, tandis que Randi Russell est l’agent de la CIA belle et « badass ». Le général Takahashi représente le Mal absolu, obsédé par sa quête de grandeur et de pouvoir, alors que le Docteur Ito, le scientifique est, lui, partagé entre deux mondes. Leurs actions et réactions demeurent assez prévisibles mais, heureusement, cela n’entrave pas le rythme du récit.
L’auteur :
Kyle Mills est un auteur américain, né en 1966 dans l’Oregon. Fils d’un agent du FBI, se passionne très jeune pour le monde de l’espionnage. La plupart de ses romans se placent sous le label « D’après R Ludlum » ( Grasset. )
Le détail :
Quand l’Histoire sert l’histoire. Une partie de l’action du roman prend place à Fukushima, ville rendue célèbre par l’accident nucléaire de Mars 2011, consécutif au tsunami ayant dévasté la région. Il est probable que l’auteur a eu l’idée de départ de son roman suite à cette catastrophe, tant ce lieu et les conséquences du tsunami ont une importance dans l’intrigue.
La parenthèse :
« D’après Robert Ludlum », les romans portant cette accroche se multiplient depuis le décès de l’écrivain américain en 2001. Si au départ, l’idée était de compléter des manuscrits laissés incomplets par l’auteur, il devint rapidement évident que les romans n’avaient plus grand-chose à voir avec Ludlum. Cette accroche est simplement devenue une espèce de label sans gage de véritable lien avec l’auteur originel.
Sébastien L. pour MassCritics