L’Attentat (Yasmina Khadra)
Un roman absolument dramatique, absolument captivant… 19/20
Le synopsis :
L’attentat (Editions Retrouvées) : Tel-Aviv. Un après-midi comme les autres. Un café bondé. Une fête d’anniversaire.
Une femme « enceinte » qui entre. Explosion.
Un hôpital. Des blessés graves. Des morts, trop de morts.
Et Amine, un chirurgien israélien d’origine palestinienne, exténué après cette terrible journée.
Identification d’un corps. Le corps d’une femme…de sa femme, Sihem. Explosée.
Victime ? Non, kamikaze, meurtrière de civils innocents.
Détresse incommensurable. Tristesse sans fond. Incompréhension totale. Amine veut comprendre. Pourquoi ?
Comment admettre l’impensable, comprendre l’inimaginable, découvrir qu’on a partagé, des années durant, la vie et l’intimité d’une personne dont on ignorait l’essentiel ?
La critique :
L’Attentat, comme son titre l’indique, est un drame profond, captivant, addictif que j’ai lu d’une traite, qui m’a profondément touchée et pour lequel, il est difficile de trouver les mots justes pour en rendre justice.
C’est l’histoire bouleversante et tragique d’un homme, d’un israélien, qui, suite au décès de son épouse adorée qu’il découvre kamikaze, passe du bonheur absolu à l’horreur la plus totale et qui reste seul face à ses interrogations, ses doutes, sa culpabilité et sa colère. Cet ouvrage, qui se lit avec l’avidité d’une véritable quête de sens, est un texte fort, un texte dur, dont on n’en sort pas indemne. C’est un livre choc, coup de poing, qui vous prend aux tripes et ne vous lâche pas…en tous les cas, c’est ce que j’ai ressenti.
Un livre bourré d’émotion, d’une écriture belle, subtile, métaphorique, évocatrice. Des images cruelles, rendues terriblement actuelles par la personnification des lieux, des choses… l’écriture de Yasmina Khadra est poétique et intense et c’est par la délicatesse des mots qu’il en atténue la dureté du sujet.
En l’impliquant dans la narration à la première personne du singulier, et en retraçant le cheminement cauchemardesque de cet homme, confronté à l’intolérable, l’auteur aborde, sans prise de parti, à travers un voyage initiatique en plein cœur du terrorisme, un des sujets les plus douloureux de notre époque, d’une actualité toujours brûlante, et livre un roman d’une incroyable audace.
Personnellement, j’ai trouvé le personnage attachant, vivant son drame individuel avec pudeur, sans tomber dans le pathos. On souffre avec ce héros bien malgré lui, on pleure, on compatit, on espère aussi…alors si vous êtes allergique aux drames, ce livre n’est pas pour vous…mais si vous aimez les romans mêlant émotion, poésie, violence et amour, alors laissez-vous tenter !
L’auteur :
Algérien, né le 10 janvier 1955, Yasmina Khadra est le pseudonyme de Mohammed Moulessehoul qu’il choisit en 1997, pour lui permettre de prendre ses distances par rapport à sa vie militaire et d’écrire dans la clandestinité.
Il choisit de rendre hommage aux femmes algériennes et à son épouse en particulier, en prenant ses deux prénoms, Yasmina Khadra, et ne révèle son identité masculine qu’en 2001 avec la parution de son roman autobiographique L’Écrivain.
Il démissionne de l’armée algérienne en 2000, pour se consacrer à sa vocation : l’écriture, et choisit de s’exprimer en langue française. Après un court passage au Mexique, il vient s’installer en 2001, en France, où il habite encore aujourd’hui. Et son identité tout entière est dévoilée dans L’imposture des mots en 2002. A cette époque ses romans ont déjà touché un grand nombre de lecteurs et de critiques.
Parmi ses ouvrages, on peut citer Morituri (Baleine, 1997), L’automne des chimères (Baleine, 1998), A quoi rêvent les loups (Julliard, 1999) et Cousine K (Julliard, 2003).
En 2010, l’auteur écrit un conte moral : L’Olympe des infortunes.
Le détail :
Cet ouvrage, L’Attentat (Julliard), retenu par les jurys du Goncourt et du Renaudot en 2005, a reçu le Prix découverte Figaro Magazine – Fouquet’s, le 52e Prix des Libraires 2006 et le Prix Tropiques de l’AFD 2006, le Grand prix des lectrices Côté Femme et a été adapté au cinéma par le réalisateur Ziad Doueri, en mai 2013.
Il fait partie d’une trilogie, sur le sujet du conflit au Moyen-Orient, composée des Hirondelles de Kaboul (2002), et des Sirènes de Bagdad (2006).
La parenthèse :
En 2012, Loïc Dauvillier et Glen Chapron signent, aux éditions Glénat, une adaptation vibrante du roman de Yasmina Khadra, L’Attentat , vendu à plus de 600 000 exemplaires en France et traduit dans plus de 20 pays. Un roman graphique poignant dans lequel le drame intime se mélange à la tragédie politique de l’inextricable conflit israélo-palestinien. Évitant l’écueil des jugements de valeur, cet album de 160 pages a le grand mérite de susciter plus de questions qu’il ne donne de réponses…
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