Le Donjon de Naheulbeuk – Saison 1, Partie 1 (John Lang & Marion Poinsot)
Une adaptation fidèle qui plaira aux fans! 16/20
Synopsis
Le Donjon de Naheulbeuk: Selon la légende rapportée par les tablettes de Skélos, « la prophétie » s’accomplira lorsqu’un gnome unijambiste dansera à la pleine lune au milieu des douze statuettes de Gladeulfeurha, enroulées dans du jambon. Un groupe d’aventuriers débutants, au service d’un magicien, pénètre dans le donjon de Naheulbeuk pour y voler une de ces statuettes. À l’intérieur, ils devront résoudre des énigmes, éviter des pièges, combattre des monstres, et surtout éviter de s’entretuer…
Critique
Ce premier tome de l’adaptation du Donjon de Naheulbeuk est une version suffisamment fidèle pour plaire aux fans de la série audio, mais John Lang a profité de l’occasion pour réécrire certaines répliques, supprimer plusieurs longueurs et réorganiser un peu le temps de parole de chaque personnage. La bande dessinée étant un medium très différent de l’audio, ces changements n’en donnent que plus de poids au dessin, très expressif, de Marion Poinsot. Ainsi, beaucoup de gags sont retranscris sans parole ni onomatopée, et de purement auditifs, deviennent purement visuels. Le changement de format est bien entendu la raison principale de ces modifications. Mais il est aussi évident que Lang a raffiné ses techniques d’écriture entre 2001, début de la saga audio, et 2005, année de parution de cet album.
L’intrigue du Donjon de Naheulbeuk est simple et facilement exposée, comme le début d’une aventure de jeu de rôle : les aventuriers doivent explorer un donjon, et y retrouver une statuette magique. C’est une intrigue-prétexte, un MacGuffin. Si elle sera finalement résolue quelques tomes plus tard elle permet à la première saison (ce volume et le suivant) d’enchaîner les situations fantaisistes : le groupe d’aventuriers pille, combat, s’enfuit et se perd dans le potentiel infini du Donjon, où tout est possible, selon l’imagination fertile de Lang. Cela ne signifie pas que l’intrigue soit improvisée : toutes les scènes se suivent logiquement d’un point de vue narratif, mais la Terre de Fangh (où se déroule l’aventure) étant un amalgame de tous les univers d’héroïc-fantasy et de médiéval-fantastique, tout y est possible.
Le dessin de Marion Poinsot souligne parfaitement le style de Lang, et sert la caractérisation des personnages, par une certaine tendance à la caricature et au cartoonesque. Ainsi, le Voleur a le visage perpétuellement assombri par sa capuche, et on ne distingue que ses yeux ; le Barbare est en pagne, musclé, et fronce en permanence les sourcils, dans une référence évidente à Conan le Barbare ; l’Elfe est vêtue de vert, en tenue légère, et combat principalement à l’arc, suivant tous les stéréotypes elfiques établis avec le personnage de Legolas dans le Seigneur des Anneaux, de Tolkien. Par ailleurs, Poinsot excelle particulièrement dans l’élaboration d‘une atmosphère claustrophobe mais variée : toutes les pièces du donjon ont leur propre style, avec des différentes luminosités, des différentes textures des murs, etc., illustrant parfaitement ce que nous mentionnions dans notre second paragraphe, à savoir la diversité des situations écrites par John Lang.
Ce volume est donc une adaptation réussie de la série audio, restant fidèle tout en tirant avantage du format de la bande dessinée pour développer l’arrière-plan (qui, à l’audio, ne pouvait tout simplement pas être aussi élaboré), raffiner les répliques, et finalement attribuer à tous les personnages une apparence définitive.
L’auteur :
John « Pen of Chaos » Lang crée la saga audio Le Donjon de Naheulbeuk en 2001 ; la série gagne vite de nombreux fans. Elle finit par être déclinée en bandes dessinées, romans et jeux de société. Lang continue jusqu’à ce jour sa production dans tous les formats. Marion Poinsot propose son premier projet, Chaëlle, aux éditions Pointe Noire, qui y sont favorables, mais font faillite en 2002. Elle rejoint ensuite les éditions Clair de Lune, où elle crée la série Dread Mac Farlane, avant que ses croquis basés sur Naheulbeuk n’attirent l’attention de l’éditeur, et qu’elle ne contacte John Lang pour lancer la série BD du Donjon de Naheulbeuk (Clair de lune)
Le détail :
La série Naheulbeuk, sous toutes ses formes, parodie l’univers des jeux de rôle comme Donjons & Dragons, et ses personnages font fréquemment référence au « niveau », aux « points d’expérience », et autres. John Lang, grand amateur de jeux de rôles lui-même, a fini par créer son propre jeu de rôle, basé sur l’univers Naheulbeuk. Il le distribue gratuitement sur son site internet.
La parenthèse :
Si Le Donjon de Naheulbeuk a lancé la mode des sagas audio sur Internet, c’est aussi le cas pour son adaptation en bande dessinée. Ainsi, Les Aventuriers du Survivaure, projet audio créé par Franck « Knarf » Guillois, auquel John Lang a participé, a aussi été publié en BD, toujours dessiné par Marion Poinsot. Dans la même veine, on appréciera aussi Reflets d’Acide (audio et BD), créé par JBX et illustré par Le Fab.
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