Le facteur (David Brin)
Un très bon roman d’anticipation! 18/20
Le synopsis :
Dans une Amérique du Nord post-apocalyptique, Gordon essaye de survivre dans les décombres de la civilisation. Au fil des villages qu’il rencontre, il devient comédien et troque du divertissement contre des moyens de subsistance. Un jour, il endosse l’uniforme et le rôle d’un facteur et devient sans le vouloir un symbole d’espoir jusqu’alors perdu. Seulement, il ne se doute pas de l’ampleur que prend son personnage et se voit confier une mission périlleuse : délivrer le courrier à travers les États-Unis restaurés.
La critique :
Dans un monde dévasté par les guerres nucléaires, Gordon est notre guide. Il nous apprend à ne pas nous faire repérer par les survivalistes, ces terribles guerriers. Au fur et à mesure, on découvre les aspects et l’histoire de cette Amérique du Nord des années 2010, retournée à l’état sauvage. On découvre un personnage pragmatique, nostalgique de l’avant-guerre et cherchant quelque chose à se raccrocher dans ce chaos et cette solitude.
L’attention du lecteur est toujours maintenue. D’une part, grâce à la mise en place d’un cadre peu rassurant qui éveille sa curiosité et le maintient en alerte. D’autre part, en conséquence des aventures que vit Gordon, qui s’enchaînent au bon moment. Le tout est parsemé de passages philosophiques et intimistes, rendant l’histoire humaine et sensible. Le personnage principal est un héros typique qui suit une évolution intéressante. Son statut d’élu devient par la suite un fardeau et le ronge de culpabilité. Gordon devient donc un héros malgré lui, se voyant confier des responsabilités trop grandes. Ce questionnement, ce doute permanent donnent de la profondeur au personnage qui ne se contente pas de faire les choses par devoir.
Le roman fourmille de références historiques. Bien que des Notes de l’éditeur viennent éclairer certains noms et événements historiques, d’autres restent obscurs pour des étrangers à l’Histoire des États-Unis. Les nombreuses évocations de la guerre de Sécession par exemple, n’ont pas autant d’impact pour nous, lecteurs européens. Il en va de même pour la géographie du roman. J’imagine que la plupart d’entre vous sont capables de nommer et situer plusieurs états. Mais je vous conseille néanmoins de vous munir d’une carte de l’Oregon pour suivre la progression de Gordon. Les villes évoquées dans le livre sont bien réelles. J’avoue cependant avoir perdu le fil lorsque le héros se rend au sud de telle ville pour passer telle branche du fleuve Rogue, etc.
En résumé, Le Facteur est un très bon roman d’anticipation. Il y a de l’action, des aventures, mais surtout un questionnement philosophique très intéressant sur notre civilisation et nos modes de vie actuels. Le message de l’auteur est celui-ci : « si nous perdions notre civilisation, nous en viendrions à réaliser à quel point elle nous manquerait, et réaliserions quel miracle c’est, de juste recevoir du courrier ». Et ça fonctionne. On se rend compte que seuls, sans technologie, sans organisation ou voies de communication, l’humanité régresse à un point inimaginable. Un simple conflit, une guerre nucléaire et hop, nous sommes tous réduits à néant. Bien que cette théorie semble évidente, le cœur du sujet est de nous ouvrir les yeux sur la chance que nous avons de vivre une telle époque.
Si vous n’aimez pas vous faire peur avec des scénarios catastrophes ou n’avez jamais rien retenu sur l’Histoire des États-Unis, retournez consulter vos mails plutôt que Le Facteur. Pour les autres en revanche, préparez votre uniforme et faites sceller une monture fraîche, Gordon vous attend !
L’auteur :
Glen David Brin est né le 6 octobre 1950 en Californie, aux États-Unis. Il y poursuit des études, choisissant d’abord l’astronomie, puis la physique appliquée et enfin l’astrophysique ! Outre sa carrière d’écrivain, Brin a été professeur de physique, mais aussi consultant pour de nombreuses organisations, dont la NASA, la CIA ou encore Google. Son œuvre la plus conséquente est le cycle de l’Élévation, lui valant les Prix Hugo et Nebula. Le Facteur est publié en 1985. Il obtient alors le prix John Wood Campbell Memorial ainsi que le prix Locus du meilleur roman de SF.
Le détail :
Quatre grandes parties, elles-mêmes divisées en plusieurs chapitres, constituent le roman. En fonction des parties, les chapitres portent des noms représentant un lieu, ce qui nous aide à situer l’action. A l’origine, Le Facteur (Bragelonne) a été écrit en plusieurs fois. En 1982 et 1984, deux nouvelles, intitulées The Postman et Cyclops, ont été publiées dans le magazine Asimov’s Science-Fiction. Elles forment donc les deux premières parties du roman. Par la suite, deux autres parties furent rajoutées.
La parenthèse :
The postman (titre original) a fait l’objet d’une adaptation cinématographique, en 1997. Kevin Costner en est le réalisateur et campe le personnage de Gordon Krantz. Malheureusement, le film, très mal reçu par la critique, est un échec commercial. Il évoque un peu l’atmosphère de Mad Max en mélangeant les cadres post-apocalyptiques et néo-western. Je vous laisse juger par vous-même !
MassCritics