Le Garçon et la Bête (Mamoru Hosoda/Renji Asa)

Un manga dépaysant! 15/20

Le synopsis:

Ren est un jeune garçon de neuf ans, un peu boudeur. Après le décès de sa mère, il est supposé aller vivre avec la famille de celle-ci, mais il refuse et fugue. Alors qu’il se réfugie dans une petite ruelle, il fait la rencontre de deux créatures encapuchonnées. L’une d’elle lui propose de les suivre. Après un premier refus, il change d’avis. Malheureusement pour Ren, les deux individus ont disparu. Le jeune garçon se met donc à errer dans les rues à leur recherche. Cette errance le mène dans un monde parallèle, peuplé de bêtes. Là-bas il retrouve le mystérieux individu qui lui avait proposé de venir. Il s’agit de Kumatetsu, qui souhaite devenir Grand Maître. Mais pour cela il lui faut un disciple à former. Ce disciple sera Ren.

La critique:

Ce manga est issu d’une tradition japonaise, l’adaptation en manga d’un film animé. Le film dont il est l’adaptation est Le Garçon et la Bête de Mamoru Hosoda, réalisateur qui avait procédé de la même façon pour ses autres films. Ainsi l’intrigue n’a pas été inventée par le mangaka, mais seulement adaptée. Malgré cela, je la trouve plutôt prenante car les personnages sont extrêmement attachants, avec des caractères forts. Cependant si les personnages n’étaient pas présents de cette manière, il est possible que l’intrigue ne soit pas aussi prenante.

En effet, il s’agit d’une histoire de monde parallèle, dans lequel le jeune homme est un intrus. Cela rappelle certains films de Miyazaki, notamment le Voyage de Chihiro. On note plusieurs intrigues dans le manga, tout d’abord l’histoire de Ren, dont le père est absent et la mère est décédée. Mais il y a également la volonté de Kumatetsu de devenir Grand maître. Or nous ne savons que peu de choses sur ses réelles motivations. Et la dernière intrigue serait pour moi la formation de Ren en tant que disciple de Kumatetsu. Le lecteur a donc envie de connaître la suite de ces différentes intrigues.

Il faut avouer que l’histoire d’un enfant abandonné n’est pas très originale, mais les caractères sont particulièrement réussis. Ainsi Ren est triste mais il est également très déterminé et courageux. Au lieu de nous montrer un jeune garçon effondré, ce manga nous met face à un garçon qui ne veut pas se laisser marcher sur les pieds. Il tient tête à Kumatetsu car celui-ci se montre plutôt virulent envers lui. Mais au final on sent un réel attachement de la part du jeune garçon. Pendant le combat qui opposent les deux prétendants au poste de Grand Maître, seul Ren encourage Kumatetsu.

Face à ce jeune garçon, nous avons celui qui est surnommé la Bête. Son personnage est plutôt comique, il est mal poli, plutôt agressif et boit beaucoup. Finalement, il peut ressembler à tous ces maîtres qui ont marqué les mangas par leur incompétence : Jiraya, Tortue Géniale. Malgré cet aspect bourru, il a un côté très attachant, sans doute lié au graphisme utilisé pour le représenter. En effet, sa fourrure est rouge, mais il a une grande gentillesse dans le regard. Il ressemble en fait à un nounours, avec des crocs plus pointus et plus voyants.

En fait, je trouve les graphismes plutôt réussis. Les dessins sont précis, avec des détails, tout en gardant une certaine simplicité. D’ailleurs cette simplicité contribue beaucoup à l’efficacité de ce manga. L’efficacité est également marquée par les dialogues, à la fois sérieux et comiques. Lorsque Kumatetsu et Ren se disputent, les dialogues sont proches d’un style oral, ce qui résonne très bien pour le lecteur.

Par ailleurs, j’apprécie beaucoup que dès ce premier tome certaines des règles de vie de ce monde animal soient expliquées. Certes ce n’est pas fait d’une manière très originale, étant donné qu’un personnage les explique à Ren, mais cela prouve qu’il y une recherche, avec la volonté de créer un monde qui possède ses propres règles. D’ailleurs, Kumatetsu ne respecte aucune des règles et n’en fait qu’à sa tête. Il se montre comme étant le mentor de Ren alors que lui-même ne respecte pas grand-chose.  D’ailleurs, je pense que la réussite du manga tient réellement dans les décalages présents dans le manga.

En bref, je conseille ce manga aux personnes qui aiment les histoires drôles, poétiques, avec un peu d’action. En effet, il y a un combat dans ce tome, et je pense qu’il ne sera pas le seul de la série. L’humour, quant à lui, est plus délicat et réside notamment dans les situations de dispute entre Ren et Kumatetsu.

L’auteur:

L’oeuvre originale a été créée par Mamoru Hosoda. Il est devenu l’un des grands noms de l’animation japonaise, prenant le relais de Miyazaki. On notera d’ailleurs que les studios Ghibli l’avait choisi pour réaliser le Château ambulant, mais qu’à la suite de différents il avait quitté le projet, repris par Miyazaki. Finalement Mamoru Hosoda a construit sa notoriété avec des films aux scénarios efficaces et au graphisme épuré. Le mangaka qui a adapté son œuvre (Kazé) est Renji Asai. Il s’agit d’un jeune artiste encore peu connu dans le monde des mangas, mais qui possède cette même efficacité dans l’action et le graphisme.

Le détail:

A Jûtengai, le monde des bêtes, les habitants ont une apparence relativement humaine. En effet, lors du passage de Ren du monde des hommes à celui des bêtes, on voit parfaitement cette progression vers une humanisation des animaux. Ils sont de plus en plus présents dans les images. L’effet le plus marquant est la transformation du cheval en cheval humanisé. Les habitants de ce monde parallèle sont semblables aux monstres de la mythologie, tel le Minotaure. Je pense qu’il s’agit d’une volonté de rapprocher les habitants des deux mondes. Cette volonté est marquée par un parallèle entre les modes de vie humains et bestiaux, avec notamment les activités de forgeron etc.

La parenthèse:

Pour effectuer cette adaptation, le mangaka n’a pas vu le film, puisque la sortie du manga était prévu en même temps que celle du film. Il s’agissait donc de proposer une œuvre qui reprenne les éléments phares du film afin d’en proposer une adaptation fiable. Ce travail se fait à partir des story boards du film, en lien avec la production. Finalement, le mangaka doit s’imprégner de l’univers inventé par Mamoru Hosoda afin de le retranscrire à sa manière tout en restant le plus fidèle possible à l’oeuvre originale.

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