Le Maître d’armes (Xavier Dorison et Joël Parnotte)
Une bande dessinée historique au coup de pinceau maîtrisé ! 18/20
Le synopsis:
Durant la première moitié du XVI e siècle, une chasse à l’homme est lancée contre un protestant et Hans Stalhoffer, son compagnon de route et ancien maître d’armes de François Ier. Ces derniers se rendent en Suisse afin d’y faire imprimer la Bible en langue française. Une initiative qui déplait amèrement aux partisans de l’Eglise catholique qui décident de traquer les héros et de se mettre en travers de leur route. Mais qui donc gagnera cette guerre idéologique ?
La critique:
Nous nous retrouvons propulsés dans la France du début du XVI e siècle, en 1537, au temps de François Ier qui promulguera deux ans plus tard l’édit de Villers-Cotterêts, dévalorisant le latin pour laisser place au français dans l’administration du pays. Un roi, qui jouera un rôle considérable sur l’écrit et qui impactera les siècles à venir.
Il s’agit ici d’une bande dessinée historique au cœur de l’émergence de l’Humanisme qui remet en cause la perception du Monde et l’instruction scolastique de l’époque, mais qui met aussi à l’honneur la confrontation entre les Catholiques et les Protestants. Le récit traduit bien le goût de l’Eglise pour l’Obscurantisme et son acharnement contre les tentatives de vulgarisation à destination du peuple.
On assiste aussi à la prise de revanche de Hans Stalhoffer contre le comte Maleztraza qui a pris sa place de maître d’armes auprès du roi lors d’un combat inachevé. Le récit s’ouvre en effet sur un duel épique entre les deux personnages. Le souvenir qu’il laissera au héros ponctuera d’ailleurs sa quête personnelle.
Le coup de pinceau est formidablement maîtrisé, les planches d’une très bonne qualité, mais attention, certaines scènes sont tout de même assez violentes. On apprécie la préface accrocheuse qui nous met tout de suite dans l’ambiance de par le texte d’introduction et sa forme : celle similaire à une page d’incunable – les premiers manuscrits imprimés avant 1501 agrémentée d’une belle lettrine, telles qu’on les trouvait à l’époque.
Si vous appréciez ce genre de récits, alors ce one shot est fait pour vous !
L’auteur:
Le duo Joël Parnotte au crayon et Xavier Dorison à la plume, allient ici, leurs talents respectifs. De fait, ils nous livrent, avec Le maître d’arme (chez Dargaud) une intrigue des plus efficaces.
Le dessinateur a fait ses armes dans l’univers de la BD aux Beaux-Arts d’Angoulême. Cette ville est connue pour son célèbre festival international dédié au genre.
Xavier Dorison, quant à lui, a d’abord commencé des études de commerces avant de s’investir à part entière dans la conception de scénarii de bandes dessinées.
Le détail:
Les deux auteurs se sont inspirés d’affiches de films pour concevoir le graphisme de la première de couverture et des planches. Pour les besoins du tome, ils ont aussi rencontré un maître dans l’art de l’escrime médiévale. Cela leur a permis de rendre les personnages et les scènes de combats d’autant plus authentiques. La réalisation de cet ouvrage aura pris deux ans en tout. Une sacrée charge de travail pour un résultat à la hauteur des espérances !
La parenthèse:
Joël Parnotte et Xavier Dorison ont tellement adoré collaborer ensemble qu’ils prévoient déjà un nouveau projet. En attendant, une autre BD du scénariste en association avec Fabien Nury et Laurent Astier a paru récemment. Cette dernière s’intitule Comment faire fortune en juin 40 (chez Casterman), autre style, autre époque, mais tout aussi captivante !
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