Le pavillon des hommes (Fumi Yoshinaga)
Une histoire passionnante! 15/20
Le synopsis :
L’histoire se déroule à l’époque d’Edo, en 1632. La variole du tengu, une maladie dévastatrice tue tous les hommes du pays. 80 ans plus tard, les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes, ce qui leur permet de diriger le pays. Après la mort de la 7ème Shogun, une 8ème femme est nommée au pouvoir. Le pavillon des hommes est un ensemble d’appartements se trouvant dans le palais impérial et regroupe les 800 plus beaux hommes du pays. Entièrement coupés du monde, ces hommes sont à la disposition de la nouvelle Shogun. À son arrivée au pouvoir, la 8ème Shogun doit choisir l’un des hommes du pavillon pour passer la nuit avec elle. Le lendemain cet homme sera exécuté comme le veut la tradition. Sur qui ce choix portera-t-il ?
La critique :
Il y a tant à dire sur Le pavillon des hommes. Aux premiers abords, le titre et la couverture peuvent induire en erreur. On a l’impression d’être face à un manga d’amour sauvage entre hommes. En parcourant les premières pages, on tombe sur une scène de viol (qui n’en est pas forcément une) et là, on déchante. C’est à cause de cela que Le pavillon des hommes est un manga peu connu. Pourtant, en creusant un peu plus loin on se rend compte que l’on est face à une histoire mature où le rôle des hommes et des femmes est inversé.
L’histoire prend place au Japon, au 17ème siècle. Suite à une épidémie qui a décimé la population masculine en 1632, les femmes ont pris la place de dirigeantes du pays tandis que les hommes, au fil du temps, n’ont pas eu d’autres choix que de se prostituer pour finir vendus aux femmes les plus riches. Dans ce décor étrange allant à l’encontre de tout ce que nous connaissons dans notre société actuelle, se trouve un pavillon dans lequel résident les 800 plus beaux jeunes hommes du pays prêts à tout pour servir leur reine. Derrière ces murs règnent le luxe, la luxure et une hiérarchie très serrée.
L’ambiance est pesante, complexe, travaillée. Grâce au manga Le pavillon des hommes on en apprend d’ailleurs beaucoup sur le Japon à cette époque. Bien que l’histoire soit totalement fictive, les décors, les vêtements, les coiffures, les accessoires ou encore les objets sont tant d’éléments qui ont réellement existé au Japon. Ce manga a vraiment un côté informatif plutôt intéressant.
Du côté des personnages, tous s’avèrent intéressants, particulièrement bien travaillés et attachants. Le premier tome du manga Le pavillon des hommes est centré sur deux personnages. Tout d’abord sur, Yoshimune, la 8ème Shogun qui se retrouve à la tête du pays et du pavillon des hommes sans vraiment l’avoir désiré. Yoshimune va donc accomplir ses devoirs tout en opposant une légère résistance sur certains points (le luxe). Le second personnage de ce premier tome est Yunoshin, un jeune homme qui a intégré le pavillon des hommes afin de pouvoir donner de l’argent à sa famille. Un duo étonnant, que tout sépare.
Concernant les dessins, il faut avouer que l’encrage et le tramage sont très soignés, tout est bien retranscrit. Des costumes traditionnels de l’époque, aux objets présents dans le pavillon des hommes, les dessins sont très fidèles à la réalité. Le seul petit point négatif que l’on pourrait reprocher aux dessins est que le style est un peu trop épuré. Mais le manque de détails et de décors ne nuit en rien à la qualité de l’œuvre.
Le pavillon des hommes est donc un manga à découvrir, ne serait-ce que pour son histoire passionnante. Toutefois, le style pourrait ne pas plaire à tous à cause de sa maturité.
L’auteur :
Née le 20 octobre 1971, Fumi Yoshinaga est surtout spécialisée dans les mangas de type shōjo, shōnen-ai et yaoi. Ce n’est qu’en 1994 que Fumi Yoshinaga perce dans le domaine du manga en proposant des œuvres homosexuelles (entre hommes). Le pavillon des Hommes n’est pas un manga yaoi. Mais cela reste tout de même le thème de prédilection de Fumi Yoshinaga.
Le détail :
Le pavillon des hommes possède une particularité qui le démarque de certaines autres œuvres. Il s’agit d’une série de josei manga (ou redikomi). C’est un manga surtout destiné aux filles de 15 à 30 ans. Bien évidemment certains hommes lisent ce genre de mangas mais ils ne sont pas le réel public visé. Le style josei est le contraire des mangas shōjo où l’amour parfait, les contes de fées, les princes charmants font partie intégrantes des œuvres. Dans le style josei, les sujets sont à peu près les mêmes mais y sont évoqués de manière beaucoup plus sérieuse, mature, plus violente et plus crue.
La parenthèse :
Le manga de Fumi Yoshinaga, Le pavillon des hommes (Kana) est une œuvre visant un public bien particulier, suffisamment mature pour comprendre toutes les subtilités de l’histoire sans être choqués. Puisque le domaine de prédilection de la mangaka est surtout le style yaoi, nous vous recommanderons donc l’une de ses seules œuvres qui ne soit pas dans ce style : All My Darling Daughters qui raconte les histoires compliquées d’une mère et de sa fille. Ce manga, comme Le pavillon des hommes, est un josei. Nous vous conseillons également Folles Passions du mangaka Kazuo Kamimura.
MassCritics