L’épée d’Ardenois : Garen (Etienne Willem)
Une BD épique qui combine plusieurs univers ! 17/20
Le synopsis:
Les royaumes de Bohan, de Valdor et d’Herbeutagne retrouvent la paix après des années de conflits. Dans ce monde médiéval et fantastique, le fragile équilibre instauré par le roi Tancrède quelques années plus tôt est menacé par les forces du mal. Garen, jeune lapin intrépide rêvait aux exploits des héros avec son maître le chevalier d’Ardenois quand son village est attaqué. L’aventure commence alors pour lui.
Extraits:
« Le roi Tancrède l’Ancien, armé de la lame de l’aube que l’enchanteur Maugis lui avait confiée, tua Nuhy à la bataille du Mont Quergnon… Le roi distribua les pièces de l’armure noire à ses capitaines en gage de paix et d’alliance »
« – Qui… Qui êtes-vous ?
– Celui qui t’as trouvé voici deux jours, errant dans la forêt de Chassenoix et en proie à la fièvre… Mes amis m’appellent… Ah, oui… Je n’ai pas d’amis… »
– Celui qui t’as trouvé voici deux jours, errant dans la forêt de Chassenoix et en proie à la fièvre… Mes amis m’appellent… Ah, oui… Je n’ai pas d’amis… »
La critique:
Garen, jeune lapin disciple du chevalier d’Ardenois vit une existence paisible dans son petit village d’Ardenois, bercé par le récit des exploits de guerre de son mentor. La légende veut que Tancrède l’ancien, victorieux de Nuhy, ait distribué les pièces de l’armure du vaincu à ses alliés et capitaines en gage de paix et d’alliance.
L’histoire s’inscrit dans un contexte médiéval au tournant du premier millénaire, elle repose sur le contexte conflictuel et les rivalités de pouvoir propres au Moyen-Age (alliances, trahisons, prédations territoriales, développement administratif, châteaux forts, importance du religieux…) Il est très amusant dans cet album de constater les efforts entrepris par les auteurs pour faire résonner la justesse d’un temps révolu avec une fantaisie enfantine, cartoonesque.
Les personnages sont campés par des animaux, un anthropomorphisme courant dans la bande dessinée (Blacksad, Légendes de la garde, De cape et de crocs… ) qui n’évite pas les écueils du genre. Chaque personnage a le caractère que lui prête l’imaginaire collectif, le lapin est vif, le bouc maléfique, le hibou sage… Passée cette convention un peu attendue, on remarque que, contrairement aux usages, cette bande dessinée en apparence légère et enfantine ne s’adresse pas tout à fait au jeune public, les morts et les scènes sanglantes y sont fréquentes (contrairement à une série comme Johan et Pirlouit).
Les personnages principaux rappellent beaucoup ceux de Robin des bois, on identifie aisément Petit Jean, Marianne, frère Tuck ou encore le roi Richard Cœur de lion. Garen, personnage éponyme de cet album est attachant, il est le héros archétypal de ce genre de récit. L’enfant perdant sa famille, contraint à l’aventure dans un monde dont il ne connait rien ou presque, reconstituant un semblant de famille avec des compagnons d’armes rencontrés au gré d’un parcours initiatique (à l’instar de Son Goku, Naruto, Harry Potter…) Ce rappel pluriel est à double tranchant, il ravit les amateurs du genre, heureux de retrouver un univers qui leur est cher mais peut en décevoir d’autres par un manque d’audace et d’originalité.
En revanche, si l’idée de mêler trame médiévale, récit mythique et fantaisie n’est pas neuve, les auteurs se sont amusés à jouer avec les mots, les noms de lieux (Mer Etalle, Herbeutagne, Oddenburg…) L’artifice est efficace, l’écho aux légendes arthuriennes, aux récits germaniques voire aux épopées scandinaves émanent de cette géographie fantasque du plus bel effet. Le folklore communique avec l’histoire, les trikells, les hermines, les chevaliers en toile de fond donnent une dimension épique et historique à un récit combinant plusieurs univers. Le dessin est bien exécuté, le rythme est soutenu d’un bout à l’autre, les pages défilent sans que jamais la tension ne tombe. Malgré les faiblesses relevées, l’histoire est agréable à suivre, distrayante.
L’auteur:
Etienne Willem est un auteur belge né en 1972, après des études d’histoire à l’université de Liège, il travaille comme superviseur storyboard au Luxembourg. Willem embrasse définitivement la carrière de scénariste de bande dessinée avec son travail sur Vieille bruyère et bas de soie. En entamant la série L’Epée d’Ardenois prévue en quatre tomes, l’auteur renoue avec sa formation universitaire tout en la nourrissant de son expérience dans le cinéma d’animation.
Le détail:
Les personnages de l’histoire sont croqués avec talent par Etienne Willem, on remarque à de nombreuses reprises et contrairement à beaucoup de bandes dessinées contemporaines une minutie et une affection particulière portée aux expressions. Cette surexpressivité des protagonistes donne une tonalité particulière, presque burlesque que l’auteur à vraisemblablement importé de son expérience dans le film d’animation.
La parenthèse:
L’épée d’Ardenois pourrait être, sans pour autant la réduire à cela, une bande dessinée générationnelle s’adressant à des lecteurs bercés par les animés de Walt Disney. Cette transition s’inscrirait dans un monde évoquant la nostalgie mais aussi une prise en compte de la maturité des lecteurs avec des scènes amusantes, d’autres plus sombres tout en conservant une légèreté, une plaisante bonhommie.
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