Les Ombres du Dark Crystal T1 (J.M. Lee)

Quand un livre à un doux goût de souvenir! 15/20

Le synopsis :

Alors que l’équilibre du monde de Thra est menacé, la jeune Gelfing Naïa quitte son village pour défendre l’honneur de son frère accusé de trahison. Mais tout au long de son périple, l’elfe se retrouve dans un monde où une terrifiante lueur violette vient perturber la nature d’ordinaire paisible.

La critique :

Le film Dark Crystal a marqué toute une génération et plus encore. En plongeant dans cet univers, c’était quitte ou double. Soit l’auteur réussissait à rendre ses lettres de noblesses à cette aventure, soit il passait à côté en l’infantilisant. Pour moi, il a su redonner un second souffle à ce conte.

A la lecture des premières pages, le lecteur est d’emblée propulsé dans un univers poétique et fantastique. Il ne manque que la petite musique d’ambiance si importante au cinéma pour rendre justice au talent descriptif de J.M LEE. Conte écologique avant l’heure, l’univers de Dark Crystal repose sur un profond respect de la nature. L’auteur y décrit des paysages somptueux. Il sait se concentrer sur l’essentiel du décor pour inviter le lecteur à suivre Naïa, l’héroïne, tout au long de sa quête.

Au fil des chapitres, on découvre toute une faune et une flore dignes des explorateurs d’un autre temps. On pourrait se croire dans un livre des grands noms de la fantasy tant les descriptions sont précises, soignées et utiles. Chaque évènement est en effet porté par un environnement où l’auteur, au sens du détail aiguisé, rend honneur à Mère Nature, personnage à part entière dans l’histoire. On ressent tout au long du roman un profond respect et une admiration pour la nature. Cela permet de faire ressentir au lecteur une réelle sensation de dépaysement.

Car Naïa va traverser bien des paysages pour mener à bien son voyage que je qualifierai d’initiatique. Alors qu’elle est apprentie Madura de sa mère, cette jeune elfe va braver les interdits et la bienséance pour suivre sa quête. A l’image de plusieurs héros mythologiques et mythiques, elle est amenée à se rencontrer pour mener à bien sa mission. Et ce, en bousculant ses croyances et son éducation. Ainsi, alors qu’elle observe Trava pour la première fois, elle évoque la notion d’étranger et la crainte qu’elle éprouve à la voir ainsi sur ses terres. Le cours de l’histoire ne lui donnera pas raison. Ceci est une belle leçon de tolérance et d’ouverture d’esprit donnée aux plus jeunes lecteurs. Ces notions sont aussi présentes lorsque Naïa tisse des liens avec Kylan. Elle l’accepte tel qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses.

L’auteur se sert des péripéties des héros comme d’un kaléidoscope de réflexions si on se donne la peine d’y réfléchir. Certaines pourront cependant être un peu abstraites, comme le passage à l’âge adulte. Néanmoins, chacun trouvera au cours de sa lecture un passage qui lui fera écho. Car ce voyage est avant tout un moyen d’inviter le lecteur à une introspection sans jamais la nommer : le bien contre le mal, la peur, la duperie ou encore l’esprit de famille.

La notion de « famille » tient en effet, une place importante dans l’écrit de J.M. Lee. S’il est question au départ de la famille de sang, la notion de « famille » est rapidement traitée également sous l’angle de l’amitié (famille de cœur). En effet, Naïa n’hésite pas à se mettre en danger pour son frère et son père pour défendre leurs honneurs et leurs vies, puis pour sauver ses amis Trava et Kylan. L’approche de ces notions est habilement menée.

Elle amènera ainsi les plus jeunes lecteurs à se questionner sur leur propre vision du mot « famille », qui étymologiquement signifie « ensemble de personnes vivant sous le même toit ». J.M LEE évoque ici très aisément les hauts et les bas des relations.  Il met également en avant d’autres notions qui seront fondamentales pour la réussite de la quête : le respect, la cohésion, la coopération … L’auteur en profite d’ailleurs  pour faire apparaître sous les traits de Naïa deux notions qui sont essentielles à toute aventure : le courage et la détermination.

Sans dévoiler l’histoire, vous devez savoir que J.M LEE donne une place centrales à ces valeurs. Notamment à travers le personne de Gurjin (frère de Naïa), que ce soit à travers son acte de bravoure ou sa volonté farouche de défendre la vérité bec et ongles. Tout au long de ce conte, les personnages seront amenés à se dépasser et à puiser au plus profond d’eux-mêmes pour atteindre leur but. Il est intéressant pour le jeune lecteur de suivre le chemin emprunté par chaque protagoniste dans leur propre approche du courage. Il pourra ainsi se questionner sur ce qu’il serait prêt à faire dans une situation comparable.

Quant à la détermination, elle reste le moteur même du duo Naïa-Kylan. Leur route sera juchée d’embûches mais leur complicité et leur volonté de réussir permettront de se relever chaque fois plus forts et plus enclins que jamais à ne jamais baisser les bras.

Car Les Ombres de Dark Crystal est avant tout le premier tome d’un dytique d’aventures prometteur. Ce livre a tous les ingrédients qui garantissent de passer un agréable moment : des personnages attachants, une quête pleine de rebondissements pour rétablir une justice, un univers parfaitement maîtrisé, des méchants qu’on a envie de détester. Et là, il faut rendre à César ce qui lui appartient : J.M LEE a repris les éléments qui ont fait du film originel un chef d’œuvre.

Cependant, il est indéniable qu’il apporte un souffle nouveau en imaginant le monde d’avant. Je pense qu’il a dû être influencé par des grandes pointures du genre, tant il est aisé de se sentir transporté dans son univers et de ressentir les émotions vécues par chaque personnage. Les rebondissements sont riches, variés et entremêlés de moments plus calmes qui permettent au lecteur de reprendre son souffle. De plus, le dernier chapitre a juste ce qu’il faut de mystère et de suspense pour donner envie de se plonger dès que possible dans le second volet des aventures menées tambours battant par Naïa.

Je ne sais pas si c’est le fait d’avoir grandie avec le film, mais je me suis facilement laissée porter dans l’univers proposé par J.M LEE. Il a su tel une Madura, distiller son pouvoir pour plonger le lecteur dans une aventure remplie de magie. Conte initiatique ou non, il invite à un questionnement (toujours entre les lignes). L’écriture fluide emportera un très grand nombre de lecteurs dans les lianes de cette forêt imaginaire. Même si le découpage du livre m’a laissée perplexe (j’aurai préféré avoir les annexes au début du livre, pour mieux m’imprégner des communautés présentes tout au long de l’histoire), je vous invite vivement à rejoindre Naïa et Kylan pour des aventures dont vous ne ressortirez pas sans retrouver votre âme d’explorateur en quête de justice.

L’auteur :

J.M LEE est un auteur et illustrateur américain. Fort d’une formation linguistique et cinématographique, il est formateur en littérature pour adolescents et jeunes adultes

Le détail :

J.M LEE a remporté le prix « Jim Henson’s The Dark Crystal Author Quest » pour l’écriture de son préquel parmis plus de 500 participants. Et ce, plus de 30 ans après la sortie du film Dark Crystal.

La parenthèse :

Le livre s’inspire de l’univers du film Dark Crystal de Jim Henson et Franck Oz, sorti en 1983. Petit bijou d’héroïc-fantasy, il a reçu de très nombreux prix dont le Grand Prix du Festival International du Film Fantastique d’Avoriaz en 1983. Alors que le premier a créé le Muppet Show et le célèbre Kermit la Grenouille, le second interprète Yoda dans la saga Star Wars. Deux pointures dans le monde de la marionette, donc, qui donnent vie à un film principalement sur ce concept. Mais il faut savoir que Dark Crystal est avant tout un roman écrit en 1982 par Anthony Charles H.Smith.

Magalie de MassCritics

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