Ados et Young adultsAu diable vauvertFantasyRomans

Lombres (China Miéville)

« De l’autre côté de la Tamise ». 14/20.

Le résumé:

Zanna et Deeba sont deux jeunes londoniennes. Elles mènent une vie paisible avec leurs amies, jusqu’au jour où des événements étranges surviennent autour de Zanna. Suivant leur instinct, elles se trouvent projeter à Lombres, où échouent les objets cassés ou obsolètes, et parfois même quelques habitants de Londres, pour y mener une seconde vie. Cependant, tout n’est pas rose à Lombres : le Smog, un nuage de fumée toxique, rêve de brûler la ville, et de s’étendre jusqu’à Londres…

La critique: 

« à quoi bon lire un livre sans image ni dialogue? » se demande Alice. C’est exactement le contraire que propose China Miéville : un livre qui fait peu de place à la narration, où les dialogues et les illustrations donnent un rythme vivant à l’intrigue. La référence à Lewis Carroll est d’autant plus flagrante que le roman est construit en deux parties. La première, à l’image des Aventures d’Alice au pays des Merveilles, voit deux jeunes filles enfermées dans leur train-train quotidien suivre des déchets, qui vont, à l’instar du lapin blanc pour Alice, les mener jusqu’à la Transville de Lombres. Après un certain nombre d’aventures et de rencontres, toutes plus fantastiques et étranges les unes que les autres, elles reviennent à Londres.

L’auteur semble s’adresser à un public plutôt adolescent, le ton des héros restant léger et bon enfant. C’est la seconde partie du roman qui est alors la plus intéressante : l’acolyte de l’héroïne va décider de revenir de l’autre côté de Londres. Comme dans De l’Autre côté du miroir, la jeune fille va alors évoluer dans un monde hostile jusqu’à vaincre les méchants et devenir l’élue qu’elle n’était pas au départ.

Si le ton reste le même, donnant son unité à l’œuvre, les considérations abordées deviennent plus profondes. L’attachement politique de l’auteur se fait alors sentir. Il semble dès lors vouloir conscientiser ses lecteurs aux problèmes de société : l’allégorie écologique est indéniable : le Smog faisant figure de pollution, les déchets méritant une deuxième vie, et les objets cassés pouvant être réparés. Mais l’on remarquera aussi des références plus subtiles au communautarisme et à la liberté d’expression et d’allégeance. Le capitalisme étant fortement dénigré, Lombres apparaît comme une ville utopique. Certes tout n’y est pas parfait, mais l’on y a au moins la possibilité de ne pas rester enfermé dans sa classe sociale et son destin tout tracé.

L’auteur: 

Né à Londres en 1972, et diplômé d’anthropologie, China Miéville est un artiste accompli. Passionné de musique et de dessin (c’est d’ailleurs lui qui signe les illustrations nombreuses qui parsèment le roman Lombres), il a déjà reçu plusieurs prix pour ses romans et nouvelles. Très impliqué en politique, il a également fait partie des listes trotskistes aux élections législatives anglaises. Il aime se jouer des genres littéraires. Il fait d’ailleurs partie de la new weird. Un groupe informel d’auteurs qui cherchent à éloigner la fantasy de l’influence de Tolkien pour lui donner un second souffle.

Le détail: 

La galerie de personnages est extrêmement fournie et travaillée. Par ailleurs, la traduction nous offre un aperçu très réussi des distorsions onomastiques auxquelles l’auteur s’est amusées en renommant les catégories d’objets, les personnages, les espèces d’animaux transformées dans leur passage à Lombres. Christophe Rosson nous offre ici une écriture proche du texte. Tout en restant d’une fluidité très agréable. Il est important de souligner son très bon travail de traduction. Il serait cependant intéressant pour de jeunes adultes de pouvoir le lire dans la langue originale, afin de mieux apprécier les jeux de mots.

La parenthèse: 

Les autres œuvres de China Miéville sont évidemment à conseiller aux lecteurs qui ont apprécié Lombres. Les deux romans de Lewis Carroll sont également à lire ou à relire pour continuer la réflexion entamée.

MassCritics

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