Le Magicien de Whitechapel, tome 1 : Jerrold Piccobello (Benn)
Quand un magicien demande le diable. 16/20
Synopsis:
Dans le Londres de 1887, Jerrold Piccobello, un des magiciens les plus talentueux du pays, revient sur le lieux qui l’a vu grandir et nous offre par la même le récit de sa jeunesse. Désespéré et seul, il fera dans ce théâtre où tout à commencé une rencontre inattendue qui va changer le cours de son destin.
Extrait:
« Comme c’est curieux… Lorsque l’on erre sans but précis en ressassant les souvenirs de notre existence, nos pas nous ramènent souvent sur les lieux de notre passé… »
La critique:
Le choix de narrer dans un long flash-back la vie d’un personnage est pour le moins intéressant et gonflé. Aussi, découvre t-on la vie de Jerrold Piccobello à travers ses propres mots, dans une ambiance assez intimiste et empli d’une douce mélancolie, mais aussi empreint d’une certaine violence. Nous sommes plongés dans le Londres de la petite racaille, des règlements de comptes et des tricheurs, se retrouvant le soir dans des tripots enfumés, derrière un verre de bière sale et la jupe d’une fille de joie. C’est un portrait d’une réalité saisissante qui nous est proposé par l’auteur, avec une profondeur inattendue et en même temps sans s’attarder trop longtemps non plus sur la dureté du quotidien des petites gens de l’époque.
On se plaît à suivre les pérégrinations du héros, dont la vie va connaître des hauts ridicules et des bas plus significatifs. L’histoire prend un nouveau tournant à partir du moment où la vocation de devenir magicien se précise et que Jerrold quitte le théâtre pour suivre son mentor. On suit alors l’évolution de leur relation encore une fois de façon presque intime, comme si le lecteur était le troisième membre d’un trio improbable. Le dénouement est inattendu et présage que la suite de cette série – qui compte actuellement trois tomes – sera pleine de rebondissements.
Le dessin est délicatement charbonneux, dans un semi-réalisme qui n’empêche pas de saisir les expressions des personnages, la grandeur des paysages ou la réalité de la vie londonienne du XIXème siècle. Petit bémol cela dit quant à la police d’écriture choisie qui, si elle s’inscrit parfaitement dans l’esthétique générale, est parfois difficile à déchiffrer et rend la lecture désagréable. D’autant que les commentaires de Jerrold sont assez nombreux et viennent nourrir le récit de sa vision des choses. Pour autant, cette revisite du mythe de Faust n’en reste pas moins des plus prometteuses!
L’auteur:
Benn, de son vrai nom André Beniest, est dessinateur et scénariste de bande dessinée d’origine belge, né en 1950 à Ixelles. Prolifique, il a travaillé notamment avec les éditions Dupuis, Dargaud et publie désormais chez Glénat. Il a travaillé tant sur des one-shot que sur des séries de plusieurs tomes, toujours inspirés par des univers interlopes.
Le détail:
La revisite du mythe de Faust est un des aspects fondamental de cet ouvrage. Faust est le héros d’un conte allemand du XVIème siècle, qui a été notamment popularisé par le Faust de Goethe. Face à l’impasse dans laquelle se trouve son art, le savant Faust en vient à contracter un pacte avec le Diable, finissant par damner son âme. Ce conte a été maintes fois revisité et adapté, tant au cinéma qu’en musique ou à l’opéra, voir même en manga (comme le personnage de Faust, dans Shaman King.).
La parenthèse:
Si vous avez aimé l’univers à la fois mélancolique et tortueux de Benn, il est également le scénariste et dessinateur de Woogee, un polar se déroulant dans le Hollywood des années 40, en 5 tomes, ou encore de Mic Mac Adam, qui suit les aventures d’un détective écossais dans le Londres du début du XXème.
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