Miraï, ma petite sœur (Hosoda Mamoru)
Et vous, vous êtes plutôt adaptation ou œuvre originale? 10/20
Le synopsis :
Kun est un petit garçon choyé par ses parents. Lorsqu’arrive sa petite sœur Miraï, il lui est difficile de trouver sa place et éprouve beaucoup de jalousie envers celle-ci. Alors qu’il se réfugie dans le jardin près d’un chêne, il se retrouve projeter dans un monde magique et va rencontrer ses proches à des âges différents. A travers ces rencontres, Kun va peu à peu découvrir sa propre histoire.
La critique :
Qui d’autre que le réalisateur du film d’animation est le mieux placé pour pour écrire le livre Miraï, ma petite sœur ? Mamoru HOSODA livre ici une adaptation littéraire de son dernier film. Ce qui m’a beaucoup déstabilisé dans ma lecture, même si l’histoire ne m’a pas laissé indifférente.
Il n’est pas facile de trouver sa place quand un nouveau membre arrive dans une famille, et Kun doit y faire face lorsque sa petite sœur Miraï naît. Alors qu’il est choyé par ses parents, il éprouve de la jalousie ainsi que le sentiment d’avoir perdu quelque-chose de précieux lorsqu’il regarde sa mère : son amour. Mamoru HOSODA évoque cela de manière « décalée » à travers les yeux du jeune garçon. Je ne sais pas si c’est la culture japonaise du « Hon-ne » (l’expression des vrais sentiments) ou le fait que le livre soit une adaptation du film d’animation, mais il m’a manqué un « je-ne-sais-quoi » pour ressentir les émotions du jeune Kun. En effet, l’auteur joue sur le visuel à travers plusieurs « scènes » pour faire ressortir les sentiments de l’enfant. Celles-ci apportent pourtant leur lot de surprises pour évoquer le long chemin que parcourt l’enfant pour passer d’enfant unique à grand frère.
Et ce chemin est bourré de péripéties qui ont pour but d’aider le jeune Kun. On y retrouve des membres de sa famille a des âges différents, pour lui donner la force (et l’exemple ?) de grandir. Il n’est pas facile de savoir s’il s’agit d’un monde « parallèle » ou de rêve fait par l’enfant. On retrouve ainsi une incarnation du chien de la famille (dont Kun a pris la place lors de sa naissance), de Miraï lorsqu’elle sera collégienne, de ses parents à des moments charnières de leur enfance ainsi que son Grand-Papa lors de la guerre. Chacun apporte son expérience au jeune Kun pour que celui-ci se découvre et accepte sa sœur et sa nouvelle place au sein de la famille. Très graphiques, ces rencontres sont le fil même de l’histoire et sont une bouffée d’air dans cette adaptation aux allures de story-board.
Pourtant, le livre regorge de moments qui donnent envie de rejoindre le jeune Kun. J’ai particulièrement apprécié les différentes symboliques présentes au long de l’ouvrage : l’hirondelle pour le messager (passage de mémoire et de force), le train pour illustrer le temps qui passe ou encore le chêne comme bibliothèque intergénérationnelle. Toutes ces petites choses viennent à la rencontre d’un humour que les amateurs du genre sauront appréciés et reconnaître. Il y a également un côté aventure dans l’histoire de Kun, mais celle-ci est bien secondaire dans la mise en scène de l’auteur, ce qui ne vient pas relever les moments un peu « plats ». Cependant, le fait qu’on s’approche d’un univers fantastique est très appréciable, ne sachant si les évènements vécus par le petit Kun sont oniriques ou bien réels.
Je pense que ce livre est davantage pour les amateurs du genre « Manga » et ceux qui aiment la culture japonaise. En effet, même si l’histoire a énormément de potentiel, j’ai eu l’impression de me trouver face à une pâle copie du film d’animation, un produit dérivé. Dommage, le tout avait l’air très prometteur.
L’auteur:
Mamoru Hosoda est l’un des plus grands réalisateurs d’animation, talonnant de près le très respecté Hayao Miyazaki. Après avoir travaillé auprès de plusieurs studio, il fonde Studio Chizu. Il a notamment participé à de nombreux projets connus de tous : Dragon Ball Z, Sailor Moon, … Par la suite, il réalise plusieurs films plus destinés aux adultes tels que Summer Wars, Les Enfants Loups ou encore Le Garçon et La Bête.
Le détail:
A l’origine, Miraï, ma petite sœur est un film d’animation. Avec plusieurs nominations, il a remporté en 2018 le Prix du Meilleur Film d’Animation au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg.
La parenthèse:
Le livre est édité chez Pika Editions, sous le tout jeune label Pika Roman lancé en 2016. Spécialisée dans le manga, cette maison d’éditions regroupe plusieurs collections et publie plusieurs grands noms du genre : Fairy Tail, GTO, Gon, …
Magalie de MassCritics