Nains : Redwin de la forge (Nicolas Jarry)
Une belle surprise dans le monde de la fantasy! 16/20
Le synopsis:
Redwin, jeune nain de l’ordre de la Forge vit dans l’ombre de son père. Ce dernier, autrefois illustre forgeron, a décidé de ne plus forger d’arme. Redwin refuse d’assumer la lâcheté de son père. Contre son avis, il décide, quitte à tout sacrifier, de devenir un seigneur des runes. Accompagné de son oncle, animé par la colère, Redwin veut créer sa propre légende, mais à quel prix ?
La critique:
Dans l’univers de plus en plus exploré de la Fantasy, il devient difficile pour les auteurs de trouver l’histoire, les personnages, l’angle nouveau qui donnera envie au lecteur de s’intéresser à ce qu’on lui propose. Aussi, cet album, Nains : Redwin de la forge, réussit un tour de force. Non qu’il soit par ses qualités supérieur à ce que d’autres auteurs peuvent faire, mais il surprend.
L’univers des nains, des forgerons, du médiéval fantastique, de la violence n’est plus, depuis la popularisation sur grand écran des œuvres de Tolkien, d’une originalité folle. Cette bande dessinée pourtant, retient l’attention. Les couleurs, les sentiments et les états successifs du personnage principal, Redwin, que le lecteur suit à ses différents stades, intriguent, passionnent.
S’il n’est pas sympathique, le personnage principal bénéficie de la complaisance qu’ont les lecteurs pour les nains, souvent présentés dans cet univers comme colériques et bougons. Les nains, héros de la mythologie nordique sont caractérisés par leur habileté en tant que forgeron. Ils sont réputés pour leur magie et leur sagesse. Le personnage de l’oncle de Redwin, quant à lui, est finement écrit. Représentant le lien familial qui unit Redwin à son père, il est également la part de libre arbitre du jeune héros. Autrement dit, la possibilité de choisir entre la voie de la sagesse et celle de la folie.
Dans ce monde rustique et dur, les personnages semblent tous en lutte perpétuelle contre un monde hostile. Ce monde musclé et sans répit glace les personnages de tous sentiment légers. Par ailleurs, la trame initiale, celle d’un fils en révolte contre son père, près à sacrifier son âme pour atteindre son but, est audacieuse. Aussi, faire basculer cette histoire de vengeance personnelle et familiale dans une fuite en avant menée par la colère, l’ambition et l’ego donne une perspective que l’on ne pouvait soupçonner après les premières pages.
Ainsi, l’envie et l’énergie déployées par Redwin pour laver l’honneur faite à son nom est proportionnelle à la quiétude presque figée dans laquelle s’est muée son père par convictions pacifistes. Le fils ne pouvant que prendre le contre pied de ce père incompris et détesté, Redwin se jette à corps perdu dans l’art de la rune et du combat.
Cet album, sans dévier des balises propres au genre surprend par le rythme et l’enchaînement des péripéties. On pourrait presque reprocher à l’auteur de vouloir trop faire plaisir au lecteur en le sollicitant à chaque instant pour éviter qu’il ne s’ennuie. Cela donne l’impression d’une histoire très concentrée. De fait, on s’arrête rarement sur une vignette, voire un plan général ou un paysage.
Passé ce détail, pour les lecteurs amateurs du genre, cet album est une belle réussite, à la hauteur de la promesse suggérée par cette belle couverture, épurée. Entre la jaquette d’un jeu vidéo et la couverture d’un roman graphique. Les éditions Soleil, comme à leur habitude présentent un objet de fort belle facture. Le dessin, les couleurs, l’énergie, amènent à ouvrir l’album. Les premières pages à découvrir les suivantes. Ces dernières à le refermer avec l’envie de lire l’opus suivant.
L’auteur:
Le scénariste, Nicolas Jarry est né en 1976. Romancier et scénariste de bande dessinée, il a notamment travaillé sur Maxime Murène, Les Contes de Brocéliande, La Rose et la Croix, ou encore Tokyo Ghost. L’univers de la fantasy, très présente dans son travail est à mettre en relation avec ses rencontres professionnelles. Ayant travaillé avec 15 dessinateurs différents, Nicolas Jarry compose avec des styles très différents.
Le détail:
L’album contient en fin de volume un carnet graphique très intéressant tenant en une demi-douzaine de pages. Il dévoile un pan de l’histoire des Nains, les noms, les spécialités, les caractéristiques. Les fans apprécient tout particulièrement ce genre de supplément. Tout comme les lecteurs curieux d’en savoir plus sur un univers nouveau, riche et parfois un peu flou. C’est donc une bonne initiative de la part des éditions Soleil.
La parenthèse:
La saga Nains est comparable du point de vue de l’univers, de l’atmosphère héroïco-fantaisiste à celui de Elfes paru lui aussi aux éditions Soleil. Nains, destiné à un lectorat adolescent et adulte, est cependant plus sombre. Entre Elfes pour les plus jeunes et Lanfeust pour les plus vieux. Calqué sur le modèle d’Elfes, Nains est pensé en saga de cinq albums de cinq one-shots.
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