Nos vies en l’air (Manon Fargetton)
Pas besoin de grands mots pour exprimer les grands maux ! 18/20
Synopsis :
Deux adolescents choisissent le même soir et le même lieu pour mettre fin à leurs jours. Mina et Océan ne se connaissent pas mais leur décision crée un lien unique, un dernier espoir d’être compris. Malgré leur détermination, ils décident de s’accorder la nuit dans la ville, ensemble.
Une nuit où tout peut arriver. Une nuit rythmée par les défis, les échos du passé et la liberté vibrante de l’inconnu. Aucune limite, aucun secret ; et au matin : un choix à faire…
Critique :
Dans les rues agitées de la capitale, Mina ne pense qu’à une chose : en finir. Elle ne supporte plus les moqueries des autres, l’humiliation constante au lycée ; elle ne veut plus de cette vie là. Vouloir mettre fin à ses jours est une pensée fréquente chez les adolescents se sentant mal dans leur peau à cause du regard des autres, du harcèlement et des moqueries ; et ici l’auteure nous le fait bien comprendre. En effet, les journées de la jeune adolescente depuis son entrée au lycée ne se résument qu’aux attaques et aux critiques. Sa seule solution pour tout stopper est de stopper sa vie. Mina est perdue, ne sait plus à quoi se rattacher ; jusqu’au moment où elle rencontre Océan.
Océan, après la mort de sa mère et à cause de la pression familiale, ne veut plus continuer à vivre. Le soir où il décide d’en finir, il se retrouve face à Mina. Même soir, même décision mais des causes différentes. Ils décident alors de passer un pacte : passer la nuit ensemble et voir au matin si leurs vies continuent ou pas. Leur amitié basée sur une raison improbable est une aide importante même s’ils ne veulent pas se l’avouer.
L’auteure met en avant le fait que les personnes souffrant d’un mal-être constant ont besoin d’aide. En effet, elle traite le sujet du suicide d’une façon à la fois hors du temps et survoltée tout en étant très réelle et terre à terre. C’est un roman tout en finesse et très nuancé. La narration est faite à la première personne du singulier et alterne entre « Elle » et « Lui » ; c’est un style qui attire l’œil et l’attention du lecteur. On s’attache aux personnages et on ne peut que souhaiter que tous leurs problèmes disparaissent.
L’écriture est légère et tout en souplesse ; les différents points de vue ainsi que les flash-back apportent au récit un côté presque dramatique mais tout aussi réaliste. C’est un sujet qui touche une grande partie de la population de près ou de loin ; et l’auteure utilise les bons mots pour que son texte soit compréhensible par tous.
Si vous cherchez un roman touchant, bouleversant, et découvrir Paris la nuit ; alors Nos vies en l’air (Rageot) est un roman pour vous ! Vous découvrirez un texte court, certes, mais un texte tellement intense. Cette œuvre parlera à tout le monde, et pourra faire réagir n’importe quel lecteur.
L’auteure :
Née en 1987, Manon Fargetton a grandi à Saint-Malo. Son besoin d’écriture la pousse à composer des poèmes et des chansons dont elle noircit les pages de ses cahiers. Puis au lycée, son imagination se développe au travers d’une histoire qui prend forme dans sa tête. Cette histoire sera à l’origine de son premier roman Aussi libre qu’un rêve, qu’elle publie à 18 ans. Avec ses romans Le suivant sur la liste et La nuit des fugitifs, elle signe ses premiers thrillers chez Rageot. Elle est aussi l’auteure du Livre de toutes les réponses sauf une et des séries June et Les plieurs de temps. Son temps est donc partagé entre son métier d’écrivain et de régisseur lumière au théâtre.
Le détail :
Le fait d’utiliser des personnages adolescents est, à mon avis, une manière de vouloir toucher le lecteur au plus profond de lui. En effet, être face à des adolescents qui souhaitent finir leurs vies, c’est être face à la dépression et au harcèlement. Le lecteur est confronté aux problèmes de la jeune génération. L’auteure n’a pas choisi Mina et Océan au hasard ; ce genre de pensées n’atteint pas qu’un seul type de personne mais peut arriver à n’importe qui. Manon Fargetton met le doigt où ça fait mal, elle choisit ses mots à la perfection pour parler d’un thème aussi sensible.
La parenthèse :
Si vous souhaitez découvrir d’autres romans traitant du harcèlement scolaire, je vous conseille Le Jazz de la vie écrit par Sarah Lövestam. On y trouve des personnages attachants qui essayent de lutter contre le regard des autres grâce à la musique. Une œuvre différente sur la forme mais tout de même bouleversante.
« J’aime l’énergie de Paris la nuit, il y a une électricité palpable qui donne l’impression que tout peut arriver, le meilleur comme le pire. »
MassCritics – Justine