Phobos (Victor Dixen)
Une histoire originale et intrigante! 16/20
Le synopsis :
Prenez un voyage dans l’espace, et pas n’importe lequel : une mission visant à coloniser la planète Mars. Ajoutez-y 6 filles et 6 garçons qui ont le temps du voyage pour apprendre à se connaître, se séduire et former un couple. Le tout est filmé et représente l’émission de télé-réalité la plus regardée au monde. Et vous obtenez Phobos ! Au cœur de cette aventure, une belle française de 18 ans, Léonor. La jeune fille a un secret et veut quitter la Terre pour démarrer une nouvelle vie.
La critique :
L’histoire de Phobos est à la fois originale et intrigante. En effet, bien que des voyages sur Mars existent déjà en littérature, les doubler de speed-datings et de télé-réalité reste une première ! Ainsi, les 6 filles et les 6 garçons voyagent chacun de leur côté. Mais ils peuvent chaque jour et à tour de rôle donner rendez-vous à une personne du sexe opposé. Cette rencontre durera 6 minutes.
Par ailleurs, le choix de l’héroïne s’éloigne aussi des clichés (de télé-réalité du moins). Léonor est bien sûr jeune, belle et maline. Mais elle cache en elle une part sombre, qui vire parfois aux limites de la schizophrénie et donne de la profondeur à son personnage. Anti-conformiste, elle n’est pas là (a priori) pour trouver l’amour et établit des règles impartiales pour rencontrer les garçons. Voilà pour le côté original.
En ce qui concerne l’intrigue, elle est très bien rythmée et fait qu’il est difficile de poser le roman, une fois ce dernier commencé. La construction des chapitres y est pour beaucoup. Victor Dixen a en effet choisi d’alterner deux points de vue. Les chapitres « Champ » se passent devant la caméra et mettent en scène les participants à bord de la navette spatiale, le tout raconté à la première personne (Léonor). Les chapitres « Contrechamp » décrivent à la 3ème personne ce qui se passe sur Terre, derrière les caméras. Ainsi, plusieurs intrigues se mêlent et se succèdent, rendant l’histoire très dynamique.
Bien sûr, la romance tient une grande part dans l’histoire, mais ne s’y limite pas ! L’auteur propose une critique voilée de la télé-réalité et des dérives politiques à jouer la comédie pour se faire aimer du peuple. On peut voir dans Phobos, la Terre entière prise d’une passion enfiévrée pour les 12 spationautes (issus de 12 pays différents). Quitte même à se brouiller entre pays pour supporter son candidat. La Nasa a été privatisée et un candidat à la présidentielle des États-Unis n’hésite pas à utiliser le programme Genesis pour faire le plein de voix. La télé-réalité en prend aussi pour son grade, avec ses chansons à la guimauve et sa soif d’audience à tout prix.
En résumé, Phobos est un bon roman pour young adult qui, sous ses airs de romance, développe des intrigues captivantes et un récit original. De fait, il propose un deuxième niveau de lecture. Le roman aborde ainsi des sujets tels que la politique, le divertissement de masse ou encore la drogue. En bref, un bon divertissement !
Vous aimerez ce livre si avez un faible pour les histoires d’amour, les récits d’anticipation et les mots en anglais (le texte est en effet parsemé de mots anglais : l’auteur s’adapte très bien au langage des jeunes !). Si vous avez peur d’être dérouté par le côté science fiction ou voyage dans l’espace, n’ayez crainte ! Des schémas de la navette sont là pour aider le lecteur à se représenter le Cupido. A l’inverse, les fans de SF seront un peu déçus par le manque de réalisme de la mission. En effet, les candidats passent plus de temps à se pomponner qu’à faire de la recherche scientifique ou préparer leur mission… Si vous n’aimez pas non plus les vilains méchants stéréotypés avides de pouvoir et d’argent, certains personnages risquent de vous décevoir.
L’auteur :
Victor Dixen est né en 1979, d’une mère française et d’un père danois. Sa famille parcourt le monde pendant son enfance et adulte, ce goût du voyage ne quittera pas l’auteur. Il vit aujourd’hui à Singapour. La légende raconte que Victor Dixen est devenu insomniaque après avoir abusé des montagnes russes dans un parc d’attraction danois. Depuis, il met à profit la nuit pour écrire ses histoires. Bien lui en prend. Car en 2010, il remporte le Grand Prix de l’Imaginaire grâce à sa saga Le Cas Jack Spark. Il récidive quatre ans plus tard avec la série Animale.
Le détail :
Les chapitres de Phobos, contrairement à la plupart des livres, ne sont pas séparés par une page vierge. Étant souvent assez courts, ils se succèdent les un aux autres. Comme nous l’avons vu plus haut, pour les différencier, l’auteur situe alternativement l’histoire sur Terre (Contrechamp, Chaîne Genesis, etc.) et dans l’espace (Champ). Il ajoute également à ces titres une indication de temps et de lieu, quand cela est nécessaire. Cela permet donc de situer tout de suite l’action et de ne pas casser le rythme par nécessité d’introduire la scène !
La parenthèse :
Vous pouvez retrouver sur le site de l’auteur une vidéo reprenant la belle couverture de la collection R (Robert Laffont) et résumant l’histoire de Phobos.
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