Pierre Tombal – Les 44 premiers trous (Cauvin & Hardy)

Humour noir et surnaturel. 16/20

Le synopsis:

Pierre Tombal n’a pas le prestige de son ami chirurgien ou la popularité de son ami épicier, mais il a moins la certitude que ses clients ne se plaindront jamais, ou presque : il est fossoyeur. Chaque jour, il s’efforce de satisfaire les caprices des vivants venus faire enterrer parent, époux, ou animal domestique. Plus rarement, ce sont les morts eux-mêmes qui viennent le déranger, pour qu’il leur rende l’éternité un peu plus agréable à supporter…

La critique:

Pierre Tombal a pour thème principal la mort et la façon dont elle est gérée par les vivants : Pierre Tombal, fossoyeur, se plie à toutes les envies ante-mortem de ses « clients » ou à celles de leurs proches, qu’il s’agisse d’enterrer, morceau par morceau, la victime d’une explosion, de laisser un client décorer son caveau des années avant sa mort (papier peint compris), ou encore d’enterrer les animaux domestiques les plus inhabituels.

Cauvin détourne le deuil, les cérémonies funéraires, et la mort elle-même pour produire des gags dans les extrêmes de l’humour noir, sans jamais tomber dans le mauvais goût. Un autre élément principal de la série, le surnaturel, est globalement absent de ce premier tome, mais s’y insère déjà progressivement : Cauvin fait de nombreuses références à des personnages de bande dessinée d’autres éditeurs (les super-héros Marvel font plusieurs apparitions), de littérature fantastique, et de la culture populaire en général. Si Pierre ne parle encore que très peu aux résidents de son cimetière et que la Mort (le personnage, c’est-à-dire la Faucheuse) ne fait aucune apparition dans le volume, la série révèle presque immédiatement ses éléments absurdes et purement irréels.

Une des grandes sources d’humour dans ce premier tome de Pierre Tombal est aussi le contraste entre la vie de Pierre lui-même et celles de ses amis : l’un est chirurgien, l’autre épicier, et tous les trois se retrouvent au bar pour échanger des anecdotes sur leur travail. De la même façon, les amis de Pierre viennent parfois visiter son cimetière. Il se produit alors le plus souvent un choc culturel, le fossoyeur révélant aux autres une facette peu connue ou surprenante de son métier. L’humour découle alors autant de l’absurdité de la situation que de la réaction de l’ami non fossoyeur. Ces explications du monde funéraire prendront un air différent dans les tomes suivants, puisque les amis fossoyeurs de Pierre remplaceront peu à peu les autres, la série s’intéressant à toutes les façons dont sont traités les morts.

Ce premier tome de Pierre Tombal établit donc les grandes idées de la série toute entière, mais contient plusieurs éléments qui n’apparaîtront pas dans les tomes suivants ; quant au surnaturel, élément majeur de la série, il n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements.

L’auteur:

Raoul Cauvin est un des scénaristes les plus prolifiques de la bande dessinée franco-belge ; sa contribution aux éditions Dupuis est, depuis les années 1960, une des grandes raisons de leur succès ininterrompu. Son humour caractéristique (de son langage imagé au cynisme de ses personnages) prend dans Pierre Tombal une tournure plus sombre et s’aventure dans des thèmes fantastiques.

Marc Hardy commence sa carrière de dessinateur au début des années 1970 dans Spirou et Le journal de Tintin. Abordant au cours de sa carrière de nombreux thèmes, il est notamment responsable des séries Arkel (avec Stephen Desberg) et Lolo et Sucette (avec Yann), publiées aux éditions Dupuis.

Le détail:

Ce premier tome des aventures de Pierre Tombal diffère des suivants en de nombreux points. Même si le contexte initial d’un cimetière aux « résidents » loufoques ne changera jamais. La présence de la femme de Pierre, ainsi, est inhabituelle. Le personnage disparaîtra ainsi presque entièrement de la série après ce premier volume. Inversement, le surnaturel (fantômes, esprits, revenants, etc.) est dans ce tome encore assez rare. Alors qu’il deviendra, par la suite, un des éléments principaux de Pierre Tombal, la Mort elle-même multipliant les apparitions.

La parenthèse:

Les lecteurs appréciant l’humour noir de Pierre Tombal se laisseront tenter par Les Crannibales (Zidrou & Fournier), série en gags dont les personnages éponymes sont anthropophages. Pour un humour noir encore plus extrême, on s’intéressera aux Idées Noires, expression de la dépression de leur auteur, Franquin. Publiées dans Fluide Glacial, cette BD dénonce la violence et la bêtise humaine sans jamais abandonner le format du gag.

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