Prends ma main (Megan Abbott)
Entre elles.15/20
Le synopsis
Le docteur Severin est une chercheuse très célèbre, entourée d’une aura de mystère et de respect dans le monde scientifique. Lorsqu’elle offre à des chercheurs de postuler pour une recherche innovante et historique sur ce qu’elle à découvert et appelle le « trouble dysphorique menstruel », les membres de son équipe se jettent bien évidemment sur l’occasion. Parmi eux se trouve Kit, jeune femme très intelligente mais ayant toujours vécu dans l’ombre.
Kit est fascinée par le Docteur Severin depuis toujours. Au même titre que Diane , une autre jeune femme qu’elle avait enfoui dans ses souvenirs et avec qui elle a passé une partie des dernières années de sa scolarité au collège.
Lorsque Diane réapparait au moment de la sélection des scientifiques qui participeront à la recherche, Kit se souvient…et se souvient également pourquoi elle avait tenté d’oublier cette amie dérangeante, détentrice d’un terrible secret.
La rivalité, l’ancienne amitié, le conflit de loyauté et la haine réapparaissent rapidement et deviennent vite centraux dans la relation de travail de ces deux anciennes amies.
La critique
Prends ma main n’est pas le premier ouvrage de Megan Abbot que je lis et je retrouve toujours avec plaisir les thèmes centraux qui semblent chers à l’auteure. L’adolescence et ses crises, les secrets bien enfouis, le thème de la recherche de son identité en tant que femme mais aussi du souhait d’être aimé et de trouver sa place. Le tout bien emballé dans une atmosphère sombre, pesante et presque perverse.
Malgré une mise en route un peu lente, je me suis retrouvée plongée dans cette ambiance prenante. L’intrigue de Prends ma main tient la route et est régulièrement ré-alimentée pour ne pas lasser. Une fois les quelques premières dizaines de pages passées, je n’ai plus pu lâcher le roman.
L’ambiance du laboratoire, où se déroule une grande partie de l’histoire est bien rendue, ce qui, malgré les autres lieux décrits et utilisés, m’a presque donné l’impression d’un huis-clos.
Les deux protagonistes principales sont très bien décrites et réalistes dans leur côtés sombres comme dans leur aspects plus positifs.
Petit regret peut être en ce qui concerne les personnages masculins, manquant au final un peu de profondeur. Cet élément semble être une marque de fabrique de l’auteure qui m’avait déjà laissé cette impression de faiblesse du masculin face à des personnages féminins forts, complexes et souvent retors dans ces romans précédents.
L’auteure
Megan E. Abbott est américaine. Elle est née à Détroit et a 47 ans.
Titulaire d’un doctorat en littérature, elle a enseigné et animé des ateliers d’écriture. Megan Abbott se passionne pour le cinéma et plus spécifiquement pour les films des années 50, passion que l’on retrouve dans les couvertures de la plupart de ses romans.
Elle est l’auteure d’une dizaine de romans noirs et de thrillers. Ses thèmes de prédilection sont le rôle de la femme dans la société mais aussi le rapport à la femme et à la sexualité.
Ses héroïnes sont souvent fortes, atypiques et cruelles. Le thème de l’adolescence se retrouve également dans plusieurs de ses romans.
Elle écrit son premier roman en 2005, ce qui avec 10 romans publiés à ce jour , en fait une auteure assez prolifique. Elle co-anime un blog traitant de littérature policière « The Rap Sheet » et dispose de son propre site internet (en Anglais).
En 2008, elle reçoit le Prix Edgar Allan Poe du meilleur livre de poche original ainsi que le prix Barry pour Adieu Gloria paru l’année précédente. Elle a également reçu plusieurs prix pour ses nouvelles policières.
Prends ma main est paru en janvier 2019 aux éditions Le Masque.
Le détail
Le roman est construit autour d’aller et retour entre « maintenant » et « avant ». Ceci rend la lecture riche tout en y ajoutant du suspens. Les éléments sont distillés petit à petit, certains détails importants étant fournis de manière anachronique.
La parenthèse
Absente, un de ses romans paru en 2009 en français (l’original étant paru en 2007 sous le titre « The song is you »), serait actuellement en court d’adaptation pour le cinéma.
Marie pour MassCritics