Rosa Candida (Audur Ava Olafsdottir)
Un roman initiatique nimbé d’une atmosphère bucolique! 17/20
Le synopsis
Le jardinage passionne Arnljótur, 22 ans. Cette passion lui vient de sa mère, tragiquement décédée dans un accident de la route. Tous deux passaient beaucoup de temps dans la serre adjacente à la maison familiale. Malgré un décor hostile au jardinage, ils avaient réussi à faire pousser des fleurs dans les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Arnljótur décide un jour de tout quitter. Il va alors aller travailler en tant que jardiner dans un monastère où sont réunies les plus belles roses. Avant de partir, il décide de prendre une espèce de rose unique, que sa mère et lui avaient réussi à faire fleurir. Il s’agit de la rose à huit pétales, la Rosa Candida.
La critique
Rosa Candida se présente comme un voyage initiatique. En effet dans la première partie du roman, le lecteur suit l’ascension d’Arnljótur, ou Lobbi comme le surnomme son père, jusqu’au monastère. Ainsi durant ce long voyage, Lobbi fait la rencontre de personnages à la fois simples et touchants. Comme tout voyage initiatique, les pensées d’Arnljótur ainsi que ses interrogations sont mises en avant. Ce qui l’intéresse et l’intrigue le plus sont les plantes, bien évidemment, mais aussi le corps. A mesure qu’il rencontre des personnes sur sa route, les réflexions autour de ces deux axes grandissent grâce aux avis des autres personnages.
Le jardin du monastère tel qu’il est présenté au début du roman, fait grandement penser à un jardin d’Eden laissé à l’abandon. Cela parait d’autant plus vrai étant donné la place donnée à la dimension religieuse grâce au monastère et aux moines qui l’habitent. C’est donc dans ce jardin bucolique qu’Arnljótur passe ses journées à travailler pour rendre ce jardin, cette roseraie aussi belle qu’elle l’était autrefois. On peut établir un parallèle entre le travail effectué au jardin par Arnljótur et la volonté de ce dernier de trouver sa voie, de mettre de l’ordre dans sa vie. En outre plus le jardin du monastère reprend sa forme originelle, et plus la vie d’Arnljótur prend elle aussi un sens.
Un autre thème abordé dans ce roman, toujours de manière calme et sensée, est la paternité. En effet, on peut retrouver ce thème à deux niveaux. Entre Arnljótur et son père, qu’il doit aider à surmonter la solitude depuis le décès de sa mère. Mais aussi entre Arnljótur et sa fille de neuf mois qu’il doit apprendre à connaitre. Il doit ainsi trouver sa place de père.
Rosa Candida est donc un roman à la narration très douce qui plonge le lecteur dans des réflexions sur des thèmes presque philosophiques, comme le sens de la vie ou bien la place dans le monde. Même s’il peut parfois avoir quelques longueurs dans ce roman, l’histoire reste touchante. Tout cela est donc joliment développé dans un cadre de végétations et de fleurs formant une bulle bucolique.
L’auteur
Audur Ava Olafdottir est une romancière islandaise née en 1958. Elle est actuellement maître-assistante d’histoire de l’art à l’Université d’Islande. Elle est très active dans la promotion de l’art, et supporte de nombreuses expositions d’artistes. Ce goût pour l’art se retrouve dans Rosa Candida (chez Zulma éditions) par la richesse des détails donné, pour décrire les différents végétaux. Audur Ava Olafdottir à reçu plusieurs prix pour son roman. Notamment le prix de la littérature de la ville de Reykjavik en 2004.
Le détail
Le roman parvient à décrire des lieux communs dans une narration lente, mais qui malgré tout reste agréable à lire. Ces lieux communs conduisent le lecteur dans une atmosphère qui se rapproche du mystique. Autrement dit, bien que les détails pris un à un se rapprochent du réalisme, une fois réunis ils forment un ensemble qui ne l’est plus du tout. Tel qu’il est décrit, le village semble alors se trouver dans une autre dimension. Comme coupée du monde extérieur. C’est en outre cette atmosphère qui favorise les réflexions du personnage principal.
La parenthèse
Sans pour autant parler d’un livre de botanique, Rosa Candida plonge le lecteur dans une bulle de végétation. Il plaira à la fois aux amoureux des plantes mais aussi aux amateurs de voyages, ou contes initiatiques. Les personnages sont attachants et le cadre est encore une fois une valeur sure pour ce roman. Ainsi, à titre d’exemple, de nombreuses descriptions pourraient être des indications pour réaliser un tableau. Les amateurs d’art pourront donc eux-aussi trouver leur bonheur dans ce roman venu tout droit d’Islande.
MassCritics