Souvenirs d’amour, Tome 2 (Kim In-ho)
Révélations ! 16/20
Le synopsis
Dans ce second tome (Casterman), Suna se rend à l’orphelinat où a été élévé Yuno et dans lequel il était bénévole. C’est justement après une sortie avec l’orphelinat qu’il est mort, en voulant sauver deux enfants. Suna est touchée de voir ce que faisait son petit ami et de voir qu’il était très apprécié. Cependant, il semblerait qu’il ne soit pas mort. Progressivement, nous en savons plus sur lui, et sur les raisons qui l’ont poussé à mentir.
La critique
Contrairement au premier tome, celui-ci est plus mystérieux et plus prenant. En effet, l’intrigue gagne en intensité. Alors que le premier tome ne laissait aucun doute sur la mort de Yuno, ici, plusieurs indices tendent à montrer qu’il est toujours en vie. Cela dramatise beaucoup l’action. Suna le pensant mort, elle a réussi à faire son deuil. Il s’agit donc d’une véritable surprise pour le lecteur d’apprendre qu’il est encore en vie, et qu’il se cache. On ressent beaucoup de compassion pour la jeune fille, qui ignore tout.
D’autres intrigues prennent aussi de l’ampleur. Effectivement, Heijeen, ne supportant plus la relation qui existe entre Junso et Suna, va décider de partir vivre à l’étranger. Cela va mener Junso à réfléchir sur ses sentiments. Enfin, alors qu’on pensait Yonu orphelin, nous apprenons que son père le recherche. L’intrigue gagne donc en intensité, ce qui est tout à fait agréable.
En revanche, tous ces mystères tendent à créer une atmosphère étrange, dans laquelle les sentiments du lecteur sont un peu chamboulés. En effet, comment ne pas avoir eu pitié de Yonu, mort si jeune ? Son mensonge nous pousse à être en colère après lui, et provoque une certaine incompréhension. S’il aimait autant Suna, pourquoi lui avoir infligé l’idée qu’il soit mort. Ce deuxième tome pose beaucoup de questions et joue énormément sur nos sentiments, jusqu’à un final extrêmement touchant.
Comme pour le premier tome, le dessin est très délicat et l’auteur réussit à la perfection à transmettre des émotions justes et sincères. De nombreuses images illustrent les sentiments des personnages, et les gros plans sont l’occasion de voir le talent du dessinateur, qui, avec simplicité, provoque des émotions fortes. Sans révéler la fin de l’histoire, il faut cependant avouer qu’elle est l’apothéose de l’émotion. En effet, comment ne pas se sentir touché par une telle poésie dans le dessin ?
Finalement, ce second tome est plutôt surprenant, et il permet de mieux connaître Yonu, ainsi que son histoire et les raisons de sa « mort », qui n’avait pas du tout été évoquée auparavant. L’orphelinat va jouer un grand rôle puisqu’il est intrinsèquement lié au jeune homme. On l’y retrouve, vivant, mais on voit aussi la culpabilité qu’il ressent. Si le premier tome s’intéressait particulièrement à Suna, ici Yonu est placé au premier plan.
Tout comme pour le premier tome, je conseille cette œuvre aux personnes qui apprécient les sentiments traités avec justesse. Dans cette bande dessinée, il y a peu d’actions, mais les émotions jouent un grand rôle.
L’auteur
Kim In-ho est un auteur coréen, qui a étudié la BD et l’animation à l’université de Sejong. Sa première œuvre est Don’t cry, qui a été publiée en 2002 dans la revue Young Jump. Il publie d’autres œuvres ensuite, souvent sur Internet puis en version papier. Il a également produit un Journal d’un homme marié, dans un grand quotidien coréen. C’est un auteur reconnu pour la finesse de son dessin et pour l’émotion authentique qu’il y transmet.
Le détail
La bande dessinée est en fait adaptée d’un roman de Lee Ji qui a été publié sur Internet. Le dessinateur avoue que cette histoire l’a particulièrement touché et lui a donné envie d’en faire une BD. Comme pour l’oeuvre originale, il a publié d’abord l’oeuvre sur Internet avant de la publier en album. Cette publication a été l’occasion pour lui de remanier sa bande dessinée. Finalement, le roman de Lee-Ji l’a inspiré, sans qu’il reprenne exactement l’intrigue. Il a en effet pris de nombreuses libertés, afin de proposer sa propre lecture de l’oeuvre.
La parenthèse
A la fin du premier tome, l’auteur expliquait sa façon de travailler, permettant d’entrer dans son intimité. En effet, il se montre très ouvert. Il travaille avec sa femme, elle aussi dessinatrice. C’est l’occasion pour lui de trouver une certaine motivation. Afin de montrer son travail, il propose plusieurs photographies, qui nous montrent la façon dont ils vivent, ce qui est assez étonnant de la part d’un dessinateur. Cela nous permet d’avoir la sensation de connaître personnellement l’auteur.
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