BDEditions DelcourtThriller

Wonderball (Fred Duval)

Une intrigue sombre, mystérieuse et captivante! 17/20

Le synopsis:

Un tireur, 9 personnes tuées en 9 secondes. En cette année 1983, l’inspecteur Spadaccini est chargé de l’enquête dans le San Francisco bouillant et interlope de la côte Pacifique. Wonderball  fait rapidement le lien entre la précision et la vitesse d’exécution du sniper fou et les faits d’armes d’un autre meurtrier, Lee Harvey Oswald, principal suspect de l’assassinat de Kennedy ! L’enquête menée par le téméraire Wonderball va l’entraîner dans une machination mêlant organisation secrète, complot et conspiration.

La critique :

Wonderball est un thriller sombre et tonique se déroulant dans un San Francisco paupérisé, rongé par la drogue dans des quartiers à l’abandon donnant du relief aux paysages de carte postale de la ville. Le rendu de cette atmosphère paradoxale est appuyé par un choix judicieux de couleurs. Un parfum rance accompagnant le lecteur qui suit le personnage principal, Spadaccini. Ce dernier semble d’ailleurs incarner ces deux facettes de la ville, l’ordre et le chaos.

La trame narrative n’est pas vraiment originale. Néanmoins, elle est toujours aussi efficace. Ainsi, aux premiers accents d’un Dirty Harry, Wonderball prend de l’épaisseur et s’avère être un personnage plus complexe, meurtri par son passé à l’instar d’un Jason Bourne. D’ailleurs, ces références cinématographiques transpirent tout du long de la lecture. Par ailleurs, le dessin est nerveux, le découpage des scènes d’action vif et précis, la mise en abîme est du meilleur effet.

En outre, le postulat d’expériences scientifiques passées permettant à des soldats de devenir des snipers surentraînés, les « alpha », teinte l’intrigue d’un mystère et d’une noirceur propre au genre et rend l’histoire captivante. L’intrigue repose sur des faits réels et entourés de soupçons et d’interrogations: la mort de JFK Kennedy, son ou ses tueurs, la commission Warren, la récupération des travaux des scientifiques nazis par le gouvernement étasunien… Le personnage principal est intrigant, violent et taciturne. Pourtant, dans cet univers de faux semblants et de mensonges, le lecteur est en empathie avec le protagoniste.

Un des points fort de cet album est le dessin, travaillé, jouant sur les effets de lumières, les clairs obscur, le bleu nuit. Le trait est remarquable de justesse. Les amateurs du genre, de polars sombres mêlant histoire et fiction, complot et enquête policière seront ravis. De fait, les codes du genre sont respectés. Le tout servi par un superbe style graphique. Le récit est prenant, l’histoire, malgré quelques facilités dans les dialogues s’avère captivante avant de déboucher en fin d’album sur une série de rebondissement et un cliffhanger haletant.

En bref, ce premier tome est très prometteur et augure d’une suite passionnante. Une belle surprise.

L’auteur :

Fred Duval, après des études d’histoire est influencé très tôt par la tradition franco belge. Il travaille entre autre sur Code Mc Callum, Gibier de potence ou encore Jour J. Son travail est marqué par ses intérêts pour l’histoire, l’anticipation et l’uchronie. La série  Wonderball est née d’un travail préalable sur Jour J et de la volonté de l’auteur de revenir sur ces années troubles des Etats-Unis.

Le détail :

La citation de Gramsci en début d’album pose les bases de l’album. La référence de la fin d’un monde et du début d’un nouveau donne de la profondeur à Wonderball. Elle intègre le personnage principal dans le changement que les États-Unis ont connu entre les années soixante et les années quatre-vingt. L’arrivée des drogues dures, la guerres au Vietnam, les années Nixon, la mort d’illusions, d’utopies… Wonderball est une sorte de parangon de ces changements, un témoin privilégié et brisé.

La parenthèse :

Le titre de l’album Wonderball  est le surnom de Spadaccini mais aussi d’une friandise ressemblant aux Kinder surprise. Les auteurs ont introduit à dessein cette référence pop dans l’album. C’est un lien assumé et revendiqué avec de nombreuses autres œuvres cinématographiques et musicales de cette époque (l’Inspecteur Harry, Kojak, Grateful Dead…) Le choix d’une couverture ne mettant pas avant le héros de la série est également une volonté des auteurs. L’idée conductrice réside en effet, en une trame narrative principale nourrie par par des intrigues secondaires ou périphériques. Selon leurs mots elle serait semblable au développement de la série X-Files.

Cet album de Wonderball est le premier d’une série devant en compter cinq ou six. Les auteurs (Fred Duval, Jean-Pierre Pécau, Fred Blanchard et Colin Wilson) ont affiché leur envie de travailler les personnages, l’intrigue et l’histoire sur une série en accord avec Delcourt, après avoir travaillé sur des séries concept de one shots (Jour J).

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